Contenu
Poche
Inédit
Tout public
144 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-36391-001-1
Coll. "Les Polars catalans"
Le diable se niche dans les détails
Gil Graff est une auteur maligne car elle construit une intrigue à tiroirs, s'attachant autour de quelques personnages qu'elle décrit avec soin et sait rendre visibles. Elle installe un climat d'angoisse latente, fait monter le suspense avec force et brio. Comme aux grandes heures du fantastique, le récit s'inscrit dans le quotidien le plus normal, autour de ces déclassés modernes que sont les jeunes en perte de repère - un SDF et une jeune fille stagiaire.
Il existe une légende que les enfants aiment bien, c'est celle de la petite souris qui vient chercher vos dents de lait sous l'oreiller. Mais saviez-vous que cette histoire fonctionne aussi avec les adultes ? Samuel venu dans les régions du Sud pour profiter du soleil en fait ainsi l'amère expérience. Sans le savoir, il signe un étrange pacte avec le diable. Chaque matin, il découvre un billet de cinq cents euros alors que l'être vivant le plus proche de lui meurt.
Céret noir se déroule dans un territoire circonscrit, évoque des personnages réels (dont l'éditeur de Mare Nostrum) tout en étant résolument d'aujourd'hui, c'est-à-dire avec des préoccupations contemporaines et une certaine dose d'humour. Comme lorsque Samuel entend s'étouffer sa voisine d'hôtel, qu'il croit que c'est sa morte quotidienne avant de comprendre qu'elle est simplement en train de faire l'amour. De son côté il commence à se masturber, puis comme elle continue à râler, il va la voir pour finalement découvrir qu'elle est véritablement en train de mourir...
L'intrigue bascule dans ce fantastique proche du policier qui fut l'apanage de la série "Angoisse" du Fleuve noir avec une intrigue parallèle mettant en scène un vieil écrivain atteint d'Alzheimer et qui peut-être a fait lui aussi en son temps le même pacte diabolique. D'un côté, il y a la découverte de la malédiction par une jeune femme chargée d'aider l'écrivain et de l'autre les tentatives de Samuel pour trouver des parades. C'est là aussi une autre vieille légende comme celle du Pont du Diable où il s'agissait de tromper le Malin.
Tel un chat, car il y a souvent un chat dans ces histoires, l'histoire retombe sur ses pattes avec un final où l'incrédulité reste suspendue, où le lecteur ne sait plus ce qu'il a lu, inventé, rêvé ou compris, où le réel et l'imaginaire se sont télescopés pour produire un court texte empoisonné !
Citation
Il descendit le long des berges et, comme pour conjurer l'idée d'un maléfice, il jeta le cadavre du chat à la rivière.