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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Le Masque, mars 2010
310 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7024-3425-3
Une forêt au cœur noir
William Gay, avec La Mort au crépuscule, nous plonge dans le Harrikin, une forêt majestueuse autant qu'irréelle, à la rencontre de personnages extraordinaires pendant qu'un tueur acharné poursuit impitoyablement sa proie.
Le roman comporte tous les ingrédients du conte gothique. Son point de départ bien entendu. Deux adolescents, un frère et une sœur, se sont mis en tête que Fenton, le croque-mort du coin, s'amusait d'une manière ou d'une autre mais d'une manière toujours scabreuse avec les corps qu'il avait en charge d'enterrer. L'ouverture des tombes leur permet de s'assurer de la perversité de cet homme. Mais c'est le vol de photos où le croque-mort lui-même se met en scène avec ces corps qui va donner au récit une toute autre ampleur. Car Fenton entend bien les récupérer d'autant plus que la sœur le fait chanter. Et il engage Sutter, un tueur auquel personne dans le comté n'ose s'opposer. La sœur morte et aux mains du croque-mort, le frère, Kenneth, n'a d'autre choix que d'aller dans le comté voisin où justice sera faite. Pour cela, il doit traverser la forêt du Harrikin. Cette forêt, étrangement peuplée, Kenneth la traverse la peur au ventre. Il sent l'haleine de Sutter sur ses talons. Il croise des personnages véritables Freaks en puissance. Certains l'accueillent, d'autres le rejettent. Tous, peu de temps après, ont affaire à Sutter. Kenneth et Sutter s'enfoncent en profondeur dans le froid et la neige avant de nous offrir un final hallucinant, digne d'un véritable film d'horreur dans les dernières pages.
C'est à la fois dans la description de cette forêt du Harrikin, véritable personnage principal du roman, et dans cette façon qu'il a de camper ses personnages secondaires, que William Gay asseoit sa spécificité. Le roman est véritablement bien charpenté. Tout juste si on peut lui opposer cette fin à rebondissements multiples dans laquelle Kenneth oublie ce qui lui a permis de s'échapper temporairement des griffes de Sutter : le plus court chemin vers la survie est la ligne droite. Il prend son temps, il se perd en conjecture alors même qu'il ouvre les portes du tribunal qui doivent lui offrir le salut. Les portraits de Fenton avec sa descente toujours plus hallucinante dans la folie et de Sutter qui trouve presque la voie de la rédemption sous la neige sont bien sentis et nous permettent de nous immerger dans un cauchemar noir, gothique et troublant.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°45
Récompenses :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2010
Citation
Je ne suis pas né d'hier, mais je n'ai jamais entendu dire que les croque-morts manquaient de clients au point de devoir tuer les gens pour faire marcher le commerce. Les gens meurent tout le temps, c'est comme ça que le monde tourne. Reprenez donc ces légumes, là.