Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'allemand par Magali Girault
Paris : Le Seuil, avril 2011
672 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-101139-5
Coll. "Policiers"
Le cinéma du commissaire Rath.
La Mort muette relate la seconde enquête du commissaire Gereon Rath, dans le Berlin des années 1930. Cette affaire l'entraine dans le milieu, en crise, du cinéma de la capitale allemande.
Betty Winter, une star du cinéma muet, est tuée par la chute d'un projecteur alors qu'elle tourne son premier film parlant. La piste du meurtre est vite privilégiée. Le lourd appareil avait été dévissé et le chef de production, venu d'une société concurrente, a disparu.
Rath, sur sa piste, est informé de la disparition de Vivian Franck, la vedette d'un nouveau film, l'occasion pour elle d'être promue vedette.
Mais Rath est dessaisi de l'affaire par le commissaire principal Böhm, son chef. Or Gereon, qui possède quelques informations d'avance, continue ses recherches...
Volker Kutscher, sur les pas de son héros, continue l'exploration du Berlin des années 1930, de l'ambiance politique et sociale qui règne dans la ville. Il s'intéresse à la frontière indécise entre la loi et la délinquance, avec les fréquentations interlopes de son commissaire. Il s'attache, dans ce livre, à explorer l'industrie cinématographique - très présente en Allemagne à cette époque - en proie à une sévère mutation : le passage du muet au parlant. Il dresse une vision exacte de la situation, des incidences et des conséquences que cette nouvelle technologie impose. La dimension humaine n'est plus la même avec la voix qui devient un élément supplémentaire du talent. Les conditions économiques changent et le coût d'un film parlant condamne les petites entreprises à disparaitre. Les tenants de chaque système se livrent une guerre sans merci.
L'auteur restitue parfaitement la situation dans laquelle chacun se trouve quand l'Histoire s'écrit. Il laisse ses personnages ignorants du futur, de la disparition à court terme du cinéma muet, de la République de Weimar. Gereon, par exemple, ne conçoit pas, en 1930, que les nazis puissent accéder au pouvoir. Cette vision réelle qu'il donne à ses personnages est remarquable et innovante.
Il crée, pour les acteurs de son drame, des caractères complexes, torturés, que l'on a plaisir à suivre pour mieux les découvrir.
Par contre, en privilégiant la reconstitution de l'ambiance de l'époque, le "spleen" de ses personnages, l'auteur perd en dynamisme pour son intrigue et celle-ci tend à s'effilocher au long des pages.
Cependant, La Mort muette reste une magnifique évocation d'une page d'Histoire servie par des personnages diablement attachants.
Citation
- Vivian Franck était l'une des rares actrices de sa génération à être à ce point prédestinée pour le cinéma parlant !
- Ce qui signifie qu'elle n' pas subi d'opération des cordes vocales au cours des dernières semaines...