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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Étienne Ménanteau
Paris : Calmann-Lévy, mars 2011
306 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4165-6
Coll. "Robert Pépin présente"
Matt Scudder
Ce qu'il faut savoir sur la série
Matt Scudder naît en 1976 sous la plume de Lawrence Block. C’est un ancien flic qui a tué accidentellement une fillette, Estrellita Rivera. Il a alors tout abandonné de sa vie, son métier, sa femme, ses deux fils et leur maison cossue de Long Island. Il s’installe dans une chambre d’hôtel du quartier de New York alors appelé Hell’s Kitchen car l’Enfer n’est rien à côté de ses cuisines. Il devient privé à ses heures perdues, sans licence officielle, prend les enquêtes comme elles se présentent, fixe le prix de sa prestation au feeling, met toujours 10 % de ce qu’il gagne dans le tronc des pauvres sans trop savoir pourquoi, allume des cierges, met beaucoup de bourbon dans son café et traîne assidument dans les bars de son quartier, dont celui de Jimmy Armstrong. Fréquente Elaine, call girl et sa future femme ; Jim son parrain chez les Alcooliques anonymes ; Mick Ballou, Irlandais, assassin, fils de boucher ; un ancien flic qui a toujours besoin d’un chapeau neuf (i.e : recevoir un billet qui lui permettra d’arrondir ses fins de mois en échange d’une information), T.J., un jeune black roi de l’informatique... Déambule dans les rues de New York qu’il aime et connaît comme sa poche, tergiverse avec lui-même. Et se range des voitures, fait de nouvelles connaissances, arrête de boire, vieillit au fil des livres puisque jusqu’à présent, il est toujours vivant. Qu’il vive encore longtemps !
Réparer ses torts
Ô joie ! Lawrence Block qui disait ne pas savoir s'il allait encore écrire, et encore moins poursuivre la série de Matt Scudder, nous offre une nouvelle aventure de notre détective préféré !
Le récit s'ouvre par une conversation entre Matt Scudder et son ami Mick Ballou, tels deux vieux schnocks qui voient le monde changer, le quartier s'embourgeoiser (comme eux), les bilans de vie se faire. Puis se demandant ce qui décide de la trajectoire d'une vie, devenir le bon ou le truand, Matt se remémore un homme, Jack Ellery, qu'il a connu enfant et qu'il a retrouvé adulte lorsqu'il était flic, et plus tard encore alors que sa vie est en pleine déliquescence, qu'il n'est plus policier et qu'il essaye difficilement, à grand renfort de réunions aux Alcooliques anonymes, d'atteindre l'anniversaire qui marquera la première année de sa sobriété.
Le récit devient rétrospectif et se consacre uniquement à l'histoire de ce Jack Ellery. Devenu petit malfrat, Jack tente lui aussi d'arrêter la boisson, et pour cela suit à la lettre, sous la férule de son tuteur, les étapes préconisées aux AA. Il en est à la huitième étape qui recommande de réparer ses torts auprès de ceux qu'on a blessés, lésés, volés. Il a consigné par écrit la liste de toutes ces personnes, il est allé les voir des années plus tard, après avoir pour certaines bousillé leur vie, pour réparer ses torts. Avant de livrer cette liste à la police, le tuteur de Jack aux AA demande à Scudder d'enquêter pour éliminer ceux qui n'ont rien à voir dans la mort de Jack.
Que l'on ne vienne pas chercher du suspens ici. Le seul, et encore, réside peut-être dans la lutte de Matt Scudder contre l'alcool, ses démons intérieurs, ses dilemmes "moraux", car comment répare-t-on ses torts, qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire, qui aurait-il inscrit, lui, sur sa liste ?
Le livre est empreint de nostalgie : celle du personnage sur son passé et ce difficile moment de sa vie ; mais aussi celle d'une époque où l'arme la plus efficace de Matt Scudder réside dans ses pièces de 25 cents que lui a données son tuteur pour l'appeler à n'importe quel moment si le bourbon lui fait un appel du pied trop pressant. Un monde sans téléphone portable, celui des débuts du sida, d'un New York déjà en train de changer...
Mais c'est également un retour en arrière pour le lecteur averti qui retrouve Scudder tel qu'il l'a connu des années auparavant, assoiffé, vivant dans un petit hôtel de Hell's Kitchen, pas encore entouré de tous les personnages qui deviendront ses alliés dans l'existence.
Un univers que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Des histoires de vieux schnocks, on vous dit, mais quel délice sous la plume sans esbroufe de Lawrence Block.
On en parle : 813 n°110
Citation
Qu'est-ce que j'ai fait de bien ? Eh bien, saint Pierre, un jour, j'aurais pu voler l'or qu'une pute morte s'était accroché aux oreilles. Mais je m'en suis abstenu.