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Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro
Paris : Le Seuil, août 2008
278 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-02-093403-9
Coll. "Cadre vert"
La mélancolie d'un sanguinaire
Samuele Stocchino, le tigre de l'Ogliastra, l'homme au cœur en forme de loup, bien qu'ayant existé, est une figure légendaire sarde sur laquelle Marcello Fois a brodé la sienne. C'est dans un épisode de l'enfance du bandit que Fois voit la destinée de Samuele. Il a sept ans. Son père et lui ont marché toute la nuit quand ils s'arrêtent devant la maison du tonnelier pour lui demander un verre d'eau qui leur est refusé. Ce faisant, ce dernier rompt la loi ancestrale de l'eau offerte au pèlerin. Enfant, il fait une chute dans le vide, dont il aurait dû mourir mais dont il sortira miraculeusement sain et sauf, grâce à une autre enfant qui deviendra son grand amour et la seule personne auprès de qui il semblera tomber un peu les armes. Puis, il s'engage et part faire la guerre en Libye, puis celle de 1914-1918. Quand il revient, les puissants des environs ont humilié son frère qu'ils assassineront. C'est alors que Samuele se met à tuer sans répit pour venger l'humiliation de l'enfance, pour venger ce frère, mais peut-être et sans doute pour rien. Pour mourir lui-même, car l'entoure l'"aura de l'immortalité". Et c'est en ça que Samuele est un beau personnage. Il tue pour mourir, aspiré par le gouffre du vide, de la vacuité totale qui en fait, non pas seulement un monstre, mais un mélancolique. Une vanité à l'état pur. Mussolini décide d'avoir la peau du bandit sarde au point de n'en plus dormir, les puissants de la région se sont rangés du côté de la chemise noire, tandis que Samuele continue sans cesse de se ranger du côté du vide.
Marcello Fois tresse différentes voix – rumeur populaire, chœur antique, discours de Samuele à la première personne, notices administratives, passages en sarde non traduits – qui narrent l'histoire troublante de Samuele Stocchino. L'étrangeté et la beauté de ce texte impavide, empreint d'oralité et de légendes, frôlant le fantastique, tient à cette hétérogénéité.
Citation
La volonté n'existe pas, survivre est une question de résistance. Et lui, il a résisté à des forces qui auraient détruit n'importe qui. […] Cette résistance acharnée était l'arme qui le rendait immortel, comme une cuirasse invisible autour de lui.