Losers-nés

C'est vrai que, une fois de temps en temps, la meilleure solution pour aller du point A au point B, c'est de ligoter le propriétaire de la baraque.
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jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Losers-nés

Braquage/Cambriolage - Drogue MAJ mardi 31 mai 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,5 €

Elvin Post
Geboren verliezers - 2007
Traduit du néerlandais par Hubert Galle
Paris : Le Seuil, avril 2011
304 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-103044-0
Coll. "Policiers"

Actualités

  • 05/06 Radio: Quand les ondes rôdent au noir
    ... sur Agora FM, ce sont Jacques et Corinne qui montent au créneau pour tâcher de partager avec leurs auditeurs leurs derniers coups de cÅ“ur. La première partie de leur émission du 24 mai est tout entière occupée par une conversation téléphonique avec Marin Ledun. Corinne, enthousiasmée par Visages écrasés (récemment paru aux éditions du Seuil) dont elle dit qu'il s'agit rien moins que du Germinal du XXIe siècle, mène l'interview de main de maître, lui donne structure et cohésion tout en laissant l'auteur s'exprimer à sa guise. Il en résulte vingt minutes passionnantes au cours desquelles Marin Ledun explique sa matière thématique - la souffrance des salariés -, analyse son personnage-narrateur - une femme médecin du travail - et décortique sa démarche d'auteur qui l'a notamment poussé à adopter la première personne pour écrire son roman. À écouter toutes oreilles dressées...

    La seconde partie, très européenne, s'attarde sur trois romans venus de trois pays différents - la France, le Danemark et les Pays-Bas.
    Corinne commence par vanter les mérites de L'Honorable société, un roman co-écrit par Dominique Manotti et D.O.A qu'elle définit comme "une étude de mÅ“urs" et qui, malgré une matière en prise directe avec la réalité politique et ses turpitudes, reste dans le champ de "la bonne littérature" et échappe au trop facile discours moral. Corinne insiste sur les très grandes qualités littéraires du roman, que l’on aurait tort d'aborder comme un banal manifeste anti-politiciens.
    C'est ensuite Jacques qui prend le relais pour évoquer Les Plumes du dinosaure, de Sissel-Jo Gazan*. L'auteur est une biologiste et journaliste danoise, dont c'est ici le premier roman traduit en français. En même temps que l'enquête policière proprement dite menée autour de la mort suspecte du directeur de thèse de l'héroïne Anna Bella, doctorante en biologie, le lecteur suit la progression de la thèse sur laquelle elle travaille, où la jeune femme entend démontrer que les scientifiques refusant d’admettre que les oiseux descendent des dinosaures se trompent... Enrichi de passages très documentés, par exemple sur la vie des laboratoires de recherches ou sur l'évolution des espèces, c'est un roman qui reste très accessible malgré l'abondance de termes et d'informations scientifiques et dont, paraît-il, on sort plus savant. Pour conclure, Jacques invite les lecteurs curieux intéressés par la théorie de l'évolution à lire les ouvrages de Stephen Jay Gould.
    Et Corinne de conclure par de beaux compliments adressés à Losers-nés, d'Elvin Post. Sa première remarque est pour louer la couverture – "Une des plus belles du moment". Et la seconde, avant même d'attaquer le pitch, pour féliciter l'auteur de s'être amélioré depuis son roman précédent, Faux et usage de faux, dans lequel les deux compères noir'rôdeurs avaient trouvé quelques bémols à leur engouement. La narration est "très enlevée", c'est "un roman drôle, décalé" qui, dit-elle, emprunte autant à l'univers de Martin Scorcese qu'à celui des frères Coen... pour finir chez les Simpson... Voilà un mélange qui promet !

    * Les Plumes du dinosaure, de Sissel Jo Gazan (traduit du danois par Max Stadler et Magali Girault), Le Serpent à plume coll. "Serpent noir", avril 2011, 526 p. - 26,00 €.
    Liens : L'Honorable société |Marin Ledun |Elvin Post |Dominique Manotti | D.O.A.

Tuer et dealer, la routine

L'oisiveté est la mère de tous les vices rappelle la sagesse populaire. Lorsque, comme, Sean, vous êtes un trafiquant à la tête d'un business florissant, vous vous ennuyez. Entre deux tasses de thé, vous vous énervez et tirez sur le chien de votre compagne. Elle, aussi, s'énerve. Votre adjoint qui passe trop de temps à la maison subit les jérémiades de sa femme et, pour lui acheter son écran plasma, est prêt à vous doubler.
Étrangement l'auteur est hollandais et pourtant son roman semble l'autobiographie new-yorkaise d'un petit trafiquant et du monde qui l'environne. Elvin Post ne juge jamais, se contente de présenter ses personnages et de les décrire dans leurs mouvements et leurs pensées. Il y a quelques temps déjà, une étude sur les rats montraient que les dominants étaient souvent plus stressés que les dominés. Dans cet univers, c'est un peu la même chose. Ceux qui vivent de trafics semble trouver cela très cool mais sont devenus en même temps paranoïaques et acquièrent des réflexes qui leur enlève toute dose d'humanité : "j'ai un souci, je dois trouver quelqu'un pour faire disparaître le témoin".
À l'inverse, les "gens de peu" parviennent à une certaine sérénité. Discret, au centre de l'histoire, donnant des coups de main, un libraire ambulant, déploie ses livres dans la rue, et sa bonne humeur se communique à Roméo, un ancien dealer qui a décidé de devenir honnête, qui seconde le libraire et qui est tombé amoureux d'une cliente.
Mais dans un roman noir, la rédemption, la catharsis, ne peut se développer sereinement sans crises, sans coups de feu, sans que la "poisse" ne vienne y jeter son grain de sel. Toute l'ironie est là ancrée dans un ridicule gangster qui ne pouvant plus supporter que sa compagne réclame un cadeau, en vient à faire tomber tout le gang et multiplie les dommages collatéraux.
Comme chez Wetering, autre écrivain hollandais, une légère distanciation humoristique, une empathie certaine pour tous les personnages, y compris les silhouettes, ponctuent une intrigue classique, noire, dont l'intérêt principal est de mettre en avant les doutes, les envies et les rêves de ces Losers-nés.

Nominations :
Prix Orange/Sauramps 2011

Citation

Vendre des tee-shirts avec écrit dessus : Curtis Perlin j'ai bousillé ma vie, laissé trainer une paille et des lames de rasoir dans ma tire, me suis retrouvé en taule et suis devenu riche, c'est un peu long pour un tee-shirt, patron.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 20 mars 2011
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