Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Maud Sinet, revu et complété par Aldéric Gianoly
Paris : Rivages, juin 2011
280 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2243-5
Coll. "Noir", 828
John Archibald Dortmunder, 2
Ce qu'il faut savoir sur la série
John Archibald Dortmunder, chômeur invétéré, est le plus malchanceux des cambrioleurs de New York. Ses plans géniaux sont assujettis aux aléas de la ville. Un magasin qui déménage et c'est une affaire rondement menée qui s'écroule. À ses côtés, sa compagne, May, caissière chez Bohack, et toute une clique de spécialistes des casses qui se réunissent au O.J. Bar & Grill d'Amsterdam Avenue. Là, officie le barman Rollo qui nomme tout ce beau monde par ce qu'il boit. Ainsi Dortmunder se voit affublé d'un "double-bourbon-glacé", pendant que Stan Murch, le chauffeur, est doté d'un laconique "bière-et-sel", parfaite injure au mercantilisme d'un bar : le sel sert à faire mousser une bière que l'on tient à faire durer ! Ensemble, la vie n'est pas banale et le moindre coup prend des proportions dantesques, mais jamais ils ne perdent de vue leur objectif.
La banque se fait la malle
Le rêve américain porte bien son nom. Il n'y a qu'aux États-Unis que l'impossible devient possible. Quand on s'appelle Dortmunder, que l'on élève au rang d'art et de prouesse technique le cambriolage, voler une banque est l'essence même de ce pour quoi l'on vit. L'internaute un peu alerte pourrait se demander à cet instant de lecture pourquoi juxtaposer "rêve américain" et "voler une banque". Il aurait raison !
Donald Westlake écrit en 1972 Bank Shot, d'abord traduit l'année suivante par les éditions Gallimard sous le titre Le Paquet. Rivages, dans sa plus grande et réjouissante folie westlakienne, a revu la traduction et le titre. Cet incongru paquet s'est transformé. Alors, Comment voler une banque ? Certains entrent par la porte un revolver ou une mitraillette à la main. D'autres creusent un tunnel ou passent par les égouts. Mais parce que le rêve est américain, Dortmunder et sa bande vont littéralement voler la banque pour pouvoir en toute quiétude percer le coffre-fort qu'elle héberge.
La banque s'appelle le Crédit des Capitalistes et des Immigrants. Assurément une raison de plus de la braquer. Elle est installée dans un mobile home en attendant que la vraie bâtisse ait fini d'être réaménagée. Un soir de la semaine, elle se retrouve pleine à craquer : argent et gardes privés se côtoient. C'est ce jour-là que l'opération se fera. Pour les braqueurs, il faut des fonds, des essieux, un camion poids lourd, une planque, un perceur de coffre et beaucoup de chance pour contrer le karma négatif de Dortmunder et occulter le fait que l'affaire a été amenée par le neveu de Kelp, un incapable que même le FBI n'a plus voulu. Pourtant, à l'encontre de toutes les appréhensions de John Archibald Dortmunder, l'opération est un succès, tout roule comme sur des essieux de camion. Sauf que c'est Donald Westlake au volant, et que l'opération petit à petit rencontre des embûches de plus en plus grandes...
Ce second volet (le premier étant Pierre qui roule) est de très haute tenue avec une intrigue linéaire nullement répétitive comme Donald Westlake malheureusement nous y habituera par la suite. Tous les éléments récurrents à chaque aventure de Dortmunder sont amenés avec finesse, légèreté et surtout beaucoup d'humour. Le souci permanent du détail est là et la construction est très bien étayée. Loin de découvrir le manuel du braquage parfait, vous vous immergerez dans un roman qui n'a absolument pas pris une ride mais qui risque fort de vous en faire apparaitre tant vos zygomatiques vont s'activer. Une merveille burlesque du genre.
Citation
Alerte à toutes les voitures, alerte à toutes les voitures. Recherchons une banque volée, environ quatre mètres de haut, bleue et blanche...