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Poche
Réédition
Tout public
Un roman qui fait des vagues
Le Sabot du Diable, troisième roman de Kem Nunn, est un exemple parfait du roman noir sportif, comme lorsque Harry Crews nous fait partager son Body. Mais l'auteur nous emmène sur les planches enduites de savon noir à la recherche de la vague mythique, ce dernier spot secret qui trouve son origine en Californie passé un territoire indien. Un reef qui n'est pas sans rappeler Tom Waits quand il chante "Heartattack and Wine". Mais ici, l'alcool qui transpire par tous les pores de la peau de Jake Fletcher, photographe spécialisé star déchue dans son milieu, va vite disparaître, s'évaporer, au contact de Drew Harmon. Ce quadragénaire n'a plus rien à prouver dans la maîtrise de ce sport de glisse sauf bien sûr qu'il peut rentrer dans les livres d'histoire. Et l'histoire, justement, va aller à la rencontre de ces deux hommes, va leur faire prendre la tasse, les remuer, les faire valdinguer avec violence.
Kem Nunn nous propose une panoplie de héros dézingués archétypes du roman noir. Ses personnages masculins naviguent à vue des féminins. Il plante ici et là son décor ethnologique, pendant sec des plages californiennes. Écrit en 1997 après La Reine de Pomona et Surf City (disponibles également dans la collection "Folio policier" chez le même éditeur) - on avait pu occulter le fait que Kem Nunn ait premièrement été édité en 1990 par Gérard de Villiers (Comme frère et sœur, repris plus tard sous le titre plus senti de Surf City), quand il dirigeait la collection "Polar USA" -, ce roman s'inscrit dans une veine littéraire hybride faite de sueurs froides et d'efforts.
Citation
Parce que les surfeurs aimaient les histoires. Les grosses vagues et les hors-la-loi. Les excentriques qui avaient réussi, d'une manière quelconque, à vaincre le système, à rester au contact de la vie, alors que d'autres s'installaient à l'intérieur des terres et payaient des impôts.