Les Invisibles

Chaque crime avait son écosystème, intervenait dans une communauté d'individus aux prises avec leur environnement. C'était généralement l'erreur de l'assassin, il croyait qu'en tuant une personne il supprimait juste une existence et qu'il lui suffisait d'effacer les traces de son acte pour que la vie autour reprenne. C'était particulièrement débile, parce que son crime remettait nécessairement en cause tout un dense réseau de dépendances, d'échanges, d'informations et que, tôt ou tard, celles-ci réapparaitraient pour peu que l'on dresse avec précision la carte de cet écosystème. C'est pourquoi rien, même le plus petit élément, ne devait être laissé de côté.
Joseph Macé-Scarron - La Falaise aux suicidés
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Thriller

Les Invisibles

Ethnologique - Médical MAJ mardi 21 juin 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Martin Winckler
Paris : Fleuve noir, mai 2011
278 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-265-08381-3
Coll. "Thriller"

Lhombre du décor

Quand les choses vont mal, il peut être utile de partir, de changer d'air, de chercher un nouveau départ. C'est sans doute ce que pense Lhombre. Il est médecin légiste mais la France commence à lui peser. Aussi, dès qu'il obtient une bourse d'étude au Québec, il s'empresse de faire ses valises...
Mais, comme le disait Saint-Just on emporte la terre de son pays à la semelle de ses chaussures. Lhombre arrive dans un institut un peu perturbé. Il s'installe dans un appartement et apprend que c'était le domicile de l'ancienne patronne et fondatrice de l'institut, morte dans des conditions mystérieuses.
Martin Winckler donne alors à son roman deux directions. Il observe les liens les liens de la fondation, chargée de travailler sur les questions d'éthique, avec certains laboratoires médicaux, et pose dans le même temps la question indigène. En effet, la morte était d'origine amérindienne.
Mais tout l'aspect policier est surtout un prétexte à de longues descriptions, à de longs détails sur les personnages. Du coup, l'intrigue oscille, disparaît, puis revient, à l'instar des invisibles du titre. Ces invisibles sont les SDF, que l'on va croiser à la soupe populaire, servant de cobayes à des expériences pharmaceutiques ou comme boucs émissaires lors de meurtres commis par d'autres. Ces invisibles, qui existent seulement au début du roman, sont à peine croisés avant un final qui renoue avec le classique dévoilement par le docteur Lhombre des fils de l'intrigue. Si l'arrière-plan des magouilles est rapidement montré (et nul besoin d'en rajouter des couches), celui de l'univers des indiens est lui aussi évacué ce qui laisse une impression de creux dont le lecteur a du mal à se défausser et qui gâche quelque peu son plaisir.
Une intrigue classique, teintée d'ironie (ici servie par le mentor de Lhombre - un autre invisible qui serait le descendant d'Arsène Lupin), et des personnages bien construits, comme les éléments d'une charade pour décrire un roman honnête. Une bonne lecture pour cet été sur la plage.

Citation

En Amérique du Nord, un bureau dont la porte est close est un bureau verrouillé, ou bien dont l'occupant veut qu'on le laisse tranquille. Sinon, il laisse la porte ouverte.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 21 juin 2011
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page