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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aline Weill
Paris : Le Seuil, juillet 2011
342 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-099305-0
Coll. "Policiers"
Manichéisme en boîte
Régulièrement dans l'actualité arrive ce que l'on appelle des faits de société. Des fois, il est question d'orphelins adoptés qui voient surgir dans leur univers une personne qui se déclare le parent biologique et qui donc réclame le retour de son enfant. C'est dans ses moments-là que chacun réfléchit à la manière dont il agirait en pareil cas.
Cette histoire malheureusement plutôt classique arrive à Jack et Melissa, un couple heureux avec une petite fille qui vient de débarquer dans leur vie... Mais le père survient à l'improviste. Le pire dans tout ça c'est peut-être bien qu'il est le fils d'un juge connu de la ville.
Les tensions montent vite car ce fils de juge qui a oublié d'être honnête est lié à un gang latino ; un policier ami du couple s'embrouille avec le juge ; un vieux du Montana qui pense que l'on règle les choses au fusil à pompe intervient... Bref beaucoup d'intervenant qui mettent à jour de nombreuses affaires louches qui amènent à se poser une question essentielle : qu'est-ce qui se cache derrière cette volonté de récupérer l'enfant ?
Sur un sujet de cette nature, il est difficile de rester simple et efficace, et C. J. Box n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il enfonce le manche et le reste des couverts de la cuisine. Les personnages sont tranchés à la serpe. Les gentils dégoulinent de bons sentiments et se réconcilient avec les amis et la famille devant un même danger en quelques phrases. Les méchants sont odieux, provoquent des licenciements, couvrent des criminels, bouchent les toilettes avec la télécommande de la télévision. Au milieu de toutes ces caricatures, il y en a une autre qui ne dépareille absolument pas, c'est celle de l'homme du Montana, un vieil ours insensible à la douleur.
Tous ces éléments très codés laissent facilement entrevoir les pistes narratives, et lorsque le lecteur est plus intelligent que les policiers de l'histoire qu'il lit c'est inquiétant. Il est sûrement difficile d'écrire un roman sur un thème qui aborde un registre si sensible et c'est un écueil sur lequel le roman de C. J. Box, aussi louable soit-il, s'échoue. Non que Trois semaines pour un adieu soit très très mauvais, loin de là, mais parce qu'il sonne trop calibré, trop porteur de son adaptation télévisée consensuelle et surtout qu'il dégouline d'une sauce douce amère et manichéenne.
On en parle : La Tête en noir n°152
Citation
Il se tordit sur le sol, faisant de son corps une cible mobile, et la fille essaya de le viser avec maladresse. Il roula sur le ventre, brandit son semi-automatique et l'abattit aussitôt en trois coups.