Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Renaud Morin
Paris : 10-18, mai 2011
358 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05272-8
Coll. "Domaine policier", 4451
Le couple entre normalité et irrationnel
Les chocs les plus rudes arrivent bien souvent quand l'irrationnel et l'extraordinaire font irruption dans le quotidien le mieux rangé, quand les événements révèlent toute l'ambivalence des êtres. Ce n'est pas une absolue vérité mais c'est la triste expérience que va faire Nathan alors qu'il vit tranquille avec sa compagne, sans même se rendre compte que son couple s'est délité depuis des lustres. Tout arrive et lorsqu'il quitte une soirée avec une autre jeune femme et un ami très vite abandonné, ils ne tardent pas à coucher ensemble. Las pour lui elle meurt en plein acte. Une grande mort avant la petite. Il choisit alors de cacher le cadavre et de revenir à une certaine normalité : il vend des cartes postales thématiques pour les anniversaires, les mariages... jusqu'au jour où il aperçoit à la télé une femme évoquer le souvenir de celle qu'il a enterrée. Il décide de la rencontrer, de lui faire la cour et de l'épouser. Ce qui est fait dans l'ordre et dans l'heure ou presque. Un mariage heureux et de nouveau un retour à la normalité jusqu'au moment où l'ami abandonné lors de l'antédiluvienne soirée pointe le bout de son nez et menace de tout dévoiler.
Cross joue avec la tension naissante de ses personnages : un hippie jamais retombé d'une envolée psychédélique qui recherche les fantômes et enregistre les maisons silencieuses pour y entendre les cris des morts... Une femme qui vit dans l'ombre de sa sœur disparue... Un homme en recherche de normalité sujet a des crises de stress et qui veut à tout prix se marier avec la sœur de celle qu'il a tué. L'écriture et l'intrigue rendent compte de ce basculement en détaillant longuement le quotidien du personnage central. La mort même de la jeune femme semble un rêve. Tout se dilue dans cette normalité jusqu'aux cinquante dernières pages alors que le récit s'accélère et provoque quelques chocs comme cette séquence où l'on déterre un cadavre et qui amène la question essentielle : "Que fait-on des restes ?" Neil Cross fait alors disparaître la "normalité" de son personnage central qui devient un monstre froid pendant quelques heures, créant ainsi un être d'une ambigüité impressionnante. Une ambiguïté qui va être renforcée par un dialogue où un policier non dupe de la réalité lui révèle de manière implicite les éléments essentiels pour assurer son impunité. L'Homme qui rêvait d'enterrer son passé est un roman que l'on peut comparer à une mare stagnante. Neil Cross a jeté un pavé dont les remous ont perturbé la surface avant que le calme de l'eau stagnante règne à nouveau, glauque et oppressant.
Citation
Quelque chose n'allait pas chez lui, comme une sorte d'illusion d'optique, un dessin dont on aurait modifié l'échelle et la perspective.