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94 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-35461-011-1
Coll. "Pièces à conviction"
Sous-sol infernal
Au départ, il y a trois hommes et trois femmes, tous collègues dans la finance. Ils travaillent tard le soir quand ils reçoivent le même mail annonçant un exercice d'évacuation. Aussitôt reçu, aussitôt partis. Ils se retrouvent dans l'ascenseur en route pour le troisième sous-sol. Là, remontée interdite. Piégés dans un abri antiatomique avec à peine des réserves de nourriture pour vingt-quatre heures. Sûrs d'être testés par leur patrons en vue de l'obtention d'un poste, ils choisissent d'engager une lutte sans pitié jusqu'à ce que les plus humains d'entre eux cèdent.
Cette pièce radiophonique de Marin Ledun, publiée par La Tengo joue à la fois sur les dialogues, les tensions nées d'un huis-clos sartrien (c'est bien connu, et ça ressort tous les ans au Bac : "L'enfer c'est les autres") et les codes de la littérature policière. Et ce n'est certes pas un hasard si un des personnages évoque Agatha Christie.
Marin Ledun, s'est fait une spécialité de la souffrance au travail. Alors, il fait souffrir ses personnages. Être humain, c'est faire preuve de faiblesse, et pourtant, à la fin de cette courte pièce, seuls ceux qui sont humains s'en sortiront. Si, au début, ces traders sont convaincus d'être réunis pour une compétition d'où ressortira vainqueur celui qui a les dents tellement longues qu'elles viennent transpercer les mains de ceux qui se raccrochent comme ils peuvent à ce qu'ils peuvent, peu à peu c'est bien une sombre histoire de vengeance pour un meurtre non résolu qui ressort. Et Tous ces personnages qui sont autant d'archétypes victimes du système, de leur patron, de leurs ambitions et du stress de l'entreprise, solitaires par choix et sûrement pas solidaires par choix, vont peu à peu choisir une autre voie.
La brièveté du récit les rend parfois simplistes, mais Marin Ledun, qui maîtrise son sujet de bout en bout, nous délivre une pièce policière singulière et sordide.
Citation
Et puis cet opéra commence à me porter sur les nerfs ! Être enfermée avec Carmen en boucle, quel supplice !