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The Fighting Devil Dogs
Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Bach Films, juin 2011
Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "Serial"
Des Marines efficaces
C'est, l'affirme Roland Lacourbe dans son excellente présentation, à une exception près, le plus économique des serials puisque réalisé par Republic Pictures avec un budget de 93000 dollars, au lieu des 130000 alloués généralement à l'époque. Qui plus est, deux des douze chapitres sont des "economic chapters" qui reprennent une partie des scènes tournées dans les épisodes précédents pour un résumé des faits par le lieutenant Grayson tout en flashbacks ; The Fighting Devil Dogs comprend en outre des scènes réalisées pour d'autres serials et si les douze épisodes durent peu ou prou vingt minutes, il faut déduire un résumé ainsi que la rediffusion de deux-trois minutes de la fin des épisodes précédents pour mieux enchaîner les événements. C'est dire que cet ensemble de bouts de pellicules avait tout pour rester aux oubliettes si ce n'est qu'il a fortement influencé des réalisateurs comme Steven Spielberg et George Lucas, qu'il a une histoire épique et que les deux lieutenants des Marines, qui vont être aux prises avec un redoutable adversaire appelé The Lightning, ont eux aussi vécu des histoires dignes de figurer dans un Who's Who légendaire - ne vous privez surtout pas de la présentation de Roland Lacourbe !
Réalisé en 1938 par John English et William Witney, The Fighting Devil Dogs est un hommage aux Marines américains, ces soldats d'élite entraînés comme ceux de notre légion étrangère. Mais ils ne marchent pas au pas car ils privilégient la course au pas de gym en un tour du monde pour mieux défendre les intérêts nombreux de leur pays. C'est pourquoi ce serial est à la fois un film de guerre, d'aventures, d'aviation, de mer, de jungle et de mystère. Mais les Marines, tels qu'ils sont présentés dans ce serial, s'ils sont de véritables hommes d'action ne sont pas, loin s'en faut, des foudres (c'est le cas de le dire) de guerre, et leur aptitude à foncer dans la bataille tête baissée et leur incapacité à capturer les ennemis qu'ils pourchassent permettent des rebondissements avant un ultime épisode classique et très christien avec réunion dans une pièce, annonce que le coupable est dans la pièce, apparition d'un témoin et utilisation d'un stratagème que n'aurait pas renié John Dickson Carr.
Tout débute cependant en Lingchourie. Des Marines sont chargés de porter secours à des civils américains quand ils découvrent un fort à l'abandon. Les hommes qui l'occupaient sont morts soudainement. Mais tout aussi soudainement, les Marines à l'exception de nos deux lieutenants sortis observer les alentours, sont attaqués par une torpille qui décharge de l'électricité. S'ensuit un procès avorté par des révélations d'un consul tué en plein milieu d'une conversation téléphonique. The Lightning se révèle au grand jour avec un complot mondial ourdi qui débute par le vol d'un chargement d'or sur un bateau électrocuté en pleine mer, des savants assassinés et de nombreuses autres péripéties. Toute la série va se porter sur comment débusquer cet être odieux qui défie l'État américain de l'intérieur et aussi faire main-basse sur une arme terrifique.
Extrait du DVD Bach Films : Un des nombreux rebondissements dans les mésaventures des Marines à la poursuite de The Lightning. Le lieutenant Grayson n'hésite pas à foncer tête baissée dans les pièges les plus grossiers, le tout sans s'émouvoir.
Rudes à la castagne, les deux Marines n'hésitent pas à se lancer à l'assaut de leurs ennemis à deux contre quatre. Les scènes de combats à mains nues rivalisent avec les courses-poursuite en automobile, en moto, en avion, en dirigeable, en bateau, en sous-marin. Des preuves sont découvertes ici et là dans une intrigue linéaire où l'on ne cherche pas forcément à coincer les sous-fifres. Il y a un combat entre un nageur et un scaphandrier, des indigènes en colère qui s'arment de lances, un bossu au regard lubrique, d'autres regards qui s'échangent entre différentes personnes, des oreilles très indiscrètes. Sans même s'en apercevoir, ils sont suivis pas à pas par cet homme maléfique qui se cache derrière un costume qui inspirera Dark Vador. Car si les murs ont des oreilles, The Lightning a des espions.
John English et William Whitney insistent beaucoup sur le jeu des regards et sur les personnages secondaires qui sont toujours là où ils ne devraient pas l'être, et puisent leurs sources dans le surréalisme allemand autant que dans le comique de situation à la Laurel et Hardy avec des corps élastiques en action qui retombent sur leurs pattes pendant les longs pugilats à répétition en infériorité numérique. Le masque de The Lightning permet en outre de cacher sa véritable identité au criminel, et par le jeu des entrées des uns et des sorties des autres dans un laboratoire où l'on essaie de contrer l'arme maléfique, les soupçons irrémédiablement se portent à tour de rôle sur l'ensemble des protagonistes, contribuant à l'effet d'attente de l'épisode suivant déjà suscité par l'arrêt brutal à un moment inopportun de chaque épisode. Si la scène des deux hors-bord qui essaient de passer entre deux navires qui se rapprochent, course inversée car c'est là un homme qui poursuit un couple, n'est pas sans rappeler jusque dans ses dialogues une des scènes d'Indiana Jones et la dernière croisade, que dire du final de ce serial, qui est une copie presque conforme de celui de La Guerre des étoiles ? Regardez-y de plus près, c'est assez confondant.
Le pire dans tout ça, c'est surtout que soixante-dix ans après, ça marche !
The Fighting Devil Dogs : 240 min. avec Lee Powell, Herman Brix, Eleanor Stewart, Montagu Love, Hugh Sothern... Scénario : Barry Shipman, Franklin Adreon, Ronald Davidson & Sol Shor. Réalisation : John English & William Witney.
Bonus. Entretien avec Roland Lacourbe. King of the Rocket Men, épisode 1 (26 min.).
Inclus. À la redécouverte du serial, un livret de 24-pages inédit de Roland Lacourbe.
Citation
- Que s'est-il passé ?
- On m'a assommé par derrière.
- Alors, Tom est parti avec...
- L'homme qui a frappé Jamison.