Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
432 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-027-6
Marionnettes helvético-africaines
La figure la plus marquante du thriller est celle de la marionnette qui décide de couper les fils qui l'asservit et de retrouver sa liberté. Dans Doux comme la mort, dernier roman de Laurent Guillaume, le personnage central est un mercenaire, trahi par ses commanditaires, qui accepte son sort et décide de subir sa peine. Bien des années plus tard, ses habituels commanditaires ont de nouveau besoin de lui. Pour le faire sortir de sa retraite, ils vont de nouveau retisser les fils de la marionnette, mais parce qu'ils utilisent les mauvais chanvres, ils ne vont que provoquer sa colère.
Toute l'intrigue tourne autour de ces manipulateurs que sont un homme politique sur le déclin qui veut revenir au premier plan et qui a des dossiers sur tout le monde, un policier véreux, âme damnée du précédent, et qui utilise ses services et ses hommes pour ses propres trafics, un colonel des services secrets qui doit composer avec les pouvoirs, un leader des Hell's Angels qui doit assurer la subsistance de ses troupes et un proxénète à la petite semaine.
Mais les fils des marionnettes se coupent car les trop nombreux pantins ont leurs envies qui hésitent entre rédemption, envie de changer le cours de la vie et simple désir de pouvoir se regarder dans une glace. Briser les fils ne se fait souvent que dans la douleur, le sang et les larmes. Du coup, Doux comme la mort est un roman, noir qui charrie son lot de cadavres, victimes innocentes ou vengeances assumées dans un lent balancier qui correspond à une intrigue qui nous baigne entre la chaleur étouffante de l'Afrique exotique (l'événement fondateur des machinations qui l'ouvre et le clôt) et les montagnes savoyardes.
En coupant leurs liens, les pantins les emmêlent, créant ainsi des alliances de quelques heures, des incompréhensions, des relances de l'action. Au cœur du roman, comme absente, il y a une jeune fille que l'on drogue et viole pour lancer toute la machination. Fatiguée, blessée, elle tombera à la fin du texte dans les bras de sa mère, comme la promesse de jours meilleurs, car finalement, les marionnettes vivent de bien belle manière sans leurs fils. Et Laurent Guillaume de leur donner en quelques lignes vivacité, force ou douceur, loin des stéréotypes, et de les faire se mouvoir dans un cadre fort, âpre et prenant où les marigots africains possèdent peut-être moins de crocodiles que les riantes villas des bords de lacs helvètes.
Nominations :
Grand prix du balai d'or 2012
Citation
Il considéra les grands yeux terrorisés et la bouche ouverte qui essayait désespérément d'avaler un peu d'air tiède. Navré, fit Gabriel , compatissant. Il lui brisa la nuque.