Toyer

Elle n'avait pas peur de mourir. Peut-être était-ce d'ailleurs là son seul avantage face au monstre qui les pourchassait : elle n'accordait plus la moindre valeur à sa propre vie.
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Roman -

Toyer

Tueur en série MAJ jeudi 29 septembre 2011

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit



Prix: 22 €

Gardner McKay
Toyer - 1998
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau
Paris : Le Cherche midi, septembre 2011
500 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-2049-2
Coll. "Thriller"

Comas en série

On peut se demander quel est l'intérêt de sortir aujourd'hui l'unique roman de Gardner McKay, un animateur radio hawaïen mort en 2001 ? Peut-être la promesse d'un film comme le proclame fièrement l'éditeur ! Ce qui est un peu hâtif, le film en question étant juste en "développement", mais il faut bien montrer la sujétion indispensable de l'écrit à l'image. Au résultat, reste un ouvrage bâtard avec des défauts typiques de premier roman, qui plaira à certains et en rebutera d'autres.

Un x-ième tueur en série (ou assimilé) hante Los Angeles, mais paradoxalement, il ne tue pas ses victimes, se contentant de les plonger dans le coma. Ce qui fait que la police rechigne à le poursuivre, puisqu'il encourt des charges minimes ! Premier jeu avec la crédibilité d'une intrigue qui en comptera d'autres : c'est le genre de roman qui se base sur la stupidité abyssale des personnages pour progresser, puisque sachant qu'un tueur en série est en liberté, les protagonistes ne demandent qu'à ouvrir leur porte à un parfait inconnu...
De même, le récit suit deux personnages emblématiques, une neurologue et une journaliste. C'est là que vient l'éternel commentaire sur le rôle des médias alors que le criminel et la neurologue se lancent dans un duel à force de lettres médiatisées, ce qui n'a rien de vraiment neuf. Reste le style hybride : l'auteur semble parfois oublier qu'il écrit un roman, quitte à mettre des annotations de lieu de lumière très cinématographiques, continuant avec un style en impressions fort brèves un peu indigeste sur 769 pages, pour se lancer dans des envolées lyriques et des métaphores parfois éléphantesques où il se regarde écrire. Le tout n'en finit pas, étirant son intrigue comme un élastique jusqu'à une conclusion étrangement bâclée, comme si l'auteur avait atteint sa date limite de livraison de manuscrit...

Une œuvre bâtarde donc, étrangement dépourvue de suspense, dont le rythme quasi-hypnotique peut plaire... ou rebuter. Question de sensibilité... Mais on reste dans la doxa du "quelque chose de pas prise de tête pour lire dans les transports en commun".

Citation

Une fille beaucoup trop jeune, une adolescente, déchirée, est poussée sur un brancard à dix kilomètres-heure dans un couloir vivement éclairé. Coupures au visage, lacérations, cheveux noirs en bataille pleins de sang. Il est trop tôt, trop tôt.

Rédacteur: Thomas Bauduret dimanche 18 septembre 2011
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