Désolations

Réputé pour sa franchise, il était devenu avec l'âge plus soucieux encore d'intégrité. Courageux à soixante-dix ans, téméraire à quatre-vingt, il n'ambitionnait pas moins que le martyre pour ses quatre-vingt-dix ans.
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Roman - Noir

Désolations

Psychologique - Huis-clos MAJ mercredi 21 septembre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

David Vann
Caribou Island - 2011
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laura Derajinski
Paris : Gallmeister, août 2011
296 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35178-046-6
Coll. "Nature Writing"

Actualités

  • 29/08 Prix littéraire: Sélection 2013 du Prix Polar Sud-Ouest/Lire en poche
  • 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
    Lundi 2 avril à la Bilipo (ouverte pour l'occasion) ont été remis en présence des auteurs les Prix Mystère. Créés par Georges Rieben et Luc Geslin en 1972, les Prix Mystère sont avant tout honorifiques et décernés par un jury de spécialistes de la littérature policière chaque année plus nombreux. En effet, si en 2011 La Guerre des vanités, de Marin Ledun (Gallimard, "Série noire") et La Mort au crépuscule, de William Gay (Le Masque, "Grands formats") avaient été remarqués par les vingt-quatre membres du jury, cette année ils étaient trente-quatre pour élire Marcus Malte et son roman Les Harmoniques (Gallimard, "Série noire") dans la catégorie "Francophone" et Stuart Neville pour Les Fantômes de Belfast (Rivages, "Thriller") dans la catégorie "Roman étranger". Cette remise de prix assortie d'un banquet s'est déroulée en compagnie de quelques membres du jury mais également d'éditeurs et d'attachées de presse des deux maisons. Comme le veut la tradition, Fabienne Duvigneau, traductrice du roman de Stuart Neville, a également reçu un diplôme signé des membres présents du Prix Mystère.

    Prix Mystère de la Critique 2012 :
    1. Les Harmoniques, de Marcus Malte (Gallimard, "Série noire") ;
    2. Le Mur, le Kabyle et le Marin, d'Antonin Varenne (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes") ;
    3. Nymphéas noirs, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Romans Terres de France") ;
    4. L'Honorable société, de D.O.A. & Dominique Manotti (Gallimard, "Série noire") ;
    5. Le Bloc, de Jérôme Leroy (Gallimard, "Série noire").

    Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2012 :
    1. Les Fantômes de Belfast, de Stuart Neville (Rivages, "Thriller") ;
    2. Savages, de Don Winslow (Le Masque, "Grands formats") ;
    3. Les Leçons du Mal, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policier") ;
    4. Désolations, de David Vann (Gallmeister, "Nature Writing") ;
    5. Le Poète de Gaza, de Yishaï Sarid (Actes sud, "Actes noirs").

    Le jury 2012 était composé des trente-quatre critiques suivants :
    Mmes Marie-Caroline Aubert, Christine Ferniot, Catherine Fruchon-Toussaint, Jeanne Guyon, Cécile Lecoultre, Corinne Naidet et Alexandra Schwartzbrod.
    MM. Jean-Claude Alizet, Olivier Ancel, Hubert Artus, Bernard Chappuis, Dominique Choquet, Bruno Corty, Bernard Daguerre, Hervé Delouche, Jean-Pierre Dionnet, Christophe Dupuis, François Guérif, Jean-Paul Guéry, Jean-Marc Laherrère, Pierre Lebedel, Claude Le Nocher, Paul Maugendre, Claude Mesplède, Gérard Meudal, Yann Plougastel, Alain Regnault, Georges Rieben, Emmanuel Romer, Jean-Jacques Schléret, Samuel Schwiegelhofer, Jean-Louis Touchant, Julien Védrenne et Jean-Claude Zylberstein.
    Liens : La Guerre des vanités |La Mort au crépuscule |Les Harmoniques |Le Mur, le Kabyle et le Marin |Nymphéas noirs |L'Honorable société |Le Bloc |Les Fantômes de Belfast |Savages |Le Poète de Gaza |Nymphéas noirs |Marin Ledun |William Gay |Marcus Malte |Stuart Neville |Antonin Varenne |Michel Bussi | D.O.A. |Dominique Manotti |Jérôme Leroy |Don Winslow |Thomas H. Cook |David Vann |Marie-Caroline Aubert |Alexandra Schwartzbrod |Christophe Dupuis |François Guérif |Jean-Paul Guéry |Jean-Marc Laherrère |Paul Maugendre |Claude Mesplède |Jean-Claude Zylberstein

Huis-clos inversé

C'est à un étonnant huis-clos inversé que nous convie David Vann avec un Désolations à la résonance aigre doux portée par les vents glacés de l'Alaska. L'auteur, qui expose toujours autant les stigmates du suicide de son père déconstruit la vie d'un couple et de ses deux enfants devenus adultes.

Irene et Gary ont passé trente ans de leur vie ensemble. Une vie somme toute fade où chacun a enterré ses rêves pour mieux déterrer ses angoisses. Une phrase toute simple énoncée par Irene résume l'ampleur de leur mal : "On peut choisir ceux avec qui l'on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu'ils deviendront." Gary, tout a son ressentiment a décidé de construire une maison sur un îlot déserté au milieu d'un lac à tous vents. Irene le suit tout à son angoisse qu'il la quitte. La tension est palpable et ne cesse de croître. Seule Rhoda, sa fille - le fils marin vit en marge et souhaite rester aveugle au mal qui le guette -, qui vit en apparence le parfait amour avec Jim, semble s'apercevoir que quelque chose ne va pas même si elle trouve des excuses à son père et pense que sa mère amplifie les réactions de Gary.

À mesure que les pages défilent, que cette bâtisse se monte de façon chaotique, c'est donc toute une famille qui plonge dans une exacerbation sans cesse énervée et renouvelée. C'est tout d'abord parce qu'Irene a subi de plein fouet le suicide de sa mère, qu'elle a aperçue pendue alors qu'elle n'avait que dix ans, et avant de s'enfermer dans un monde de déni, qui la poussera sur la mauvaise pente. D'antidépresseurs en crises de larmes, elle s'effondre peu à peu, imagine cet homme à ses côtés tel qu'il ne l'est pas. Le façonne dans son imaginaire et par conséquent le façonne dans la réalité. Ce couple aux apparences banales, qui ne pouvait péricliter, s'embarque alors dans différents Enfers personnels. C'est pour cela que l'on à affaire à un huis-clos inversé. Car contrairement à Jean-Paul Sartre pour qui "l'enfer c'est les autres", pour David Vann, l'enfer est en nous, et chacun l'alimente. Et Irene va se trahir elle-même, et embarquer à sa suite tous les personnages de cette tragédie à se trahir eux-mêmes. Alors que tous les signaux sont au rouge, que tous les couples se délitent, Rhoda détient les clés pour lutter contre un déterminisme prégnant dans sa famille.

Cela ne se fera pas sans heurt, car pour David Vann, une génération détruite en détruit une autre avant de pouvoir céder sa place à une troisième génération plus velléitaire, qui s'éloignera de l'île, Enfer figuratif personnel, non sans y être retournée une ultime fois. Et la mythologie dans tout ça ?


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°44

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2012
Grand prix du balai d'or 2011

Citation

On peut choisir ceux avec qui l'on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu'ils deviendront.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 16 février 2016
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