Le Cramé

J'étais un bâton menaçant l'univers. J'ai regardé ma main qui agrippait la crosse. J'étais le fusil. J'étais la balle, la cible, la signification d'un mot qui se dresse tout seul. Voilà le sens du mot 'vengeance', même lorsqu'on le couche sur le papier.
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Roman - Policier

Le Cramé

Procédure MAJ mardi 17 janvier 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Gangsters saignants

Dobermann et Scarface sont vos films-cultes ? Vous regrettez l'ère des histoires de truands d'Auguste LeBreton ou Peter Randa, des histoires d'hommes, de vrais, sentant la sueur et la testostérone ? Le Cramé, de Jacques-Olivier Bosco, est pour vous. Jugement sans ironie facile : ce genre de romans sévèrement burnés a parfaitement le droit d'exister dans le paysage éditorial, pour peu qu'ils soient réussis, ce qui est là le cas.

Noir, c'est noir dans l'histoire du "Cramé" du titre, alias Gosta, un truand défiguré qui, au début du roman, se fait serrer par l'Antigang. Il réussit à s'évader, mais de toute évidence, un membre de son équipe soudée les a donnés. Qu'à cela ne tienne ! Doté d'un nouveau visage grâce à la chirurgie, Gosta va infiltrer le commissariat et se faisant passer pour un flic afin de découvrir l'identité de la balance ! Il ne s'attendait pas à se piquer au jeu, s'intéressant à l'affaire d'un gamin disparu, probablement victime d'un pédophile (on se demande de quoi parleraient les auteurs de polars s'il n'y avait pas un pédophile sous chaque lit et derrière chaque arbre, si l'on en croit les gazettes...). Ce qui, au bout d'un long périple, va le mener à une curieuse bande d'apprentis-terroristes cachés dans une téci de banlieue...

On le voit, Gosta est tout prêt pour être interprété, faute de Delon ou Belmondo, par Vincent Cassel ou le Samuel Le Bihan de l'excellent Total Western, d'Éric Rochant (si vous ne l'avez pas vu, eh bien, vous savez ce qu'il vous reste à faire...). Bosco ressort un attirail typique de l'histoire de gangsters curieusement adapté à notre monde matérialiste : flics et criminels ne sont que les deux facettes de la même pièce (l'expérience de Gosta lui est très utile pour faire un bon travail de police !), et dans un milieu sans morale, loin d'un pseudo code de l'honneur fantasmé, seul compte celle que l'on s'impose soi-même histoire de se rattacher à quelque chose. Une rage nihiliste qui soutiendra le personnage lors de son chemin de croix, pataugeant dans le sang, jusqu'à ce que le roman abandonne le réalisme pour plonger dans une comédie humaine aux personnages grotesques et décalés. Certes, toute cette violence pourrait être écœurante, mais l'effet est le contraire : il est certain que personne ne voudrait se retrouver dans la tête d'un tel personnage dans un autre espace que celui de la fiction...

Le tout servi par une langue à la fois naturelle et travaillée, très âpre, capable de se faire presque poétique pour ensuite plonger dans des scènes d'action dignes des meilleurs blockbusters faisant pardonner quelques maladresses infimes. Comme il est net que Jacques-Olivier Bosco n'envisage pas de révolutionner le genre, juste de bien raconter une histoire intéressante et originale, le contrat est rempli. Fortement recommandé, à condition bien sûr d'avoir l'estomac bien accroché !

Nominations :
Prix du roman policier de Serre-Chevalier 2011
Grand prix du balai d'or 2011

Citation

La bave acide de la haine mordait sa lèvre inférieure, son flingue tremblait de plus en plus, au moins deux fois plus vite que le dernier vibromasseur d'Amanda Lear.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 22 septembre 2011
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