Contenu
Grand format
Inédit
Public connaisseur
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Rosier
Paris : Jean-Claude Lattès, septembre 2011
414 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-2905-8
Diablotin en herbe
Avec Cornes, Joe Hill fait une intrusion dans le fantastique qui lui se dilue de manière légère dans une réalité jusqu'à devenir naturel, en insistant sur le recours à l'adolescence, et ses rites initiatiques comme moteur d'une intrigue. Autant de ressorts dont s'est servi en son temps Stephen King, mis en avant de façon appropriée par un bandeau.
Joe Hill, cependant, se démarque du Maître du genre en choisissant un personnage différent sans réel problème matériel. Il ne désire qu'une certaine normalité, mais se retrouve sans bien comprendre pourquoi doté de cornes et d'une capacité de parler avec les serpents. À partir de cet instant, on jongle à divers niveaux sur le thème du Mal : serpents, croix brisées, crucifix protégeant du diable, cornes, viol sordide, personnages sans empathie avec le monde, décors pouilleux, délivrant une morale étrange où finalement le Malin est celui qui comprend le mieux l'homme.
Il existe un fantasme très classique : celui de pouvoir lire dans les pensées des autres et de savoir enfin ce qu'ils pensent de vous. C'est d'autant plus intéressant lorsque vous avez la certitude que le monde entier vous croit coupable de quelque chose. C'est le cas d'Ig. Fils d'une bonne famille, riche et influente, il est sorti avec la belle Merrin. Lorsque celle-ci est retrouvée violée et assassinée, les soupçons se portent sur lui. Même si les accusations sont tombées faute de preuves, la suspicion demeure. Trainant sa misère, Ig ivre va détruire l'autel improvisé que les amis de Merrin entretiennent à l'endroit de son martyre. À son réveil, des cornes lui ont poussé. Influence diabolique ? En tout cas, elles peuvent servir d'antenne pour capter les pensées des autres...
Le récit de Joe Hill se concentre sur un nombre limité de personnages avec une ambition d'adaptation cinématographique évidente. Au centre de l'intrigue, Ig et Merrin ; gravitant autour d'eux le "meilleur ami" d'Ig ainsi qu'une jeune fille totalement paumée. Pour agrémenter le vécu de ces personnages, des actions limitées et, en parallèle, la découverte par Ig de son nouveau statut de cornu. Du coup, il lui devient possible de découvrir sans investigations rationnelles qui est le violeur de sa tendre et belle. Dans le même temps, Joe Hill nous propose une plongée dans l'adolescence des protagonistes du drame. Cornes devient ainsi une sorte de road movie intérieur, un voyage immobile dans l'esprit malade ou perturbé d'un homme a qui on a cassé son plus beau jouet, et qui cherche à reconstruire une perfection qui n'existe plus, sauf peut-être dans une cabane magique invisible pour tous ceux qui n'y croient pas.
Citation
Je la déteste. J'ai envie de mettre le feu à son lit avec des allumettes pendant qu'elle dort et qu'elle brûle et qu'il n'en reste rien.