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Des hippies au sang
Ah ! Les années 1970 avec leurs hippies, le plein emploi permettant la vie de bohème, patchouli, pataugas, révolution, peace and love et youkaïdi-youkaïda... Une image qui a aussi son pendant noir. Ce que présente le vétéran Noël Simsolo dans Bob Dylan et le p'tit quinquin, c'est l'inverse d'une vision idyllique qui n'a jamais existée, faite d'amour libre et de fleurs ; la révision historique ayant gommé les violents et provocateurs Yippies de Jerry Rubin pour le pays des Bisounours...
Ce roman âpre, plus basé sur la comédie humaine qu'il présente que sur un scénario tiré au cordeau, fait la jonction entre deux mondes, ces doux rêveurs avec un œil de l'autre côté de l'Atlantique et un milieu de macs, de demi-sels et de policiers décavés plutôt issus du folklore des années 1980. Là où tout se télescope, milieu, âge, origine sociale ou localisation, c'est par la violence qui explose sans rime ni raison : de la bab' allemande chantant Bob Dylan qui s'avère être une psychopathe retorse aux tueurs aux motivations directes, racisme (l'OAS n'est pas si lointain) ou justice ou tout simplement folie, à la violence consentie des bourgeoises en mal de sensations fortes, c'est bien ce qui lie tous ces personnages en quête d'assassin. Et le seul personnage à ne pas y avoir recours est un fils de famille vivant la révolution en pantoufles, mais que cette violence finira par rattraper.
Le tout dans un roman court qui fonce, fonce au point de passer parfois par l'ellipse, et où il faudrait presque tenir le compte de qui est vivant ou mort — ce qui est réconfortant face aux pavés qui s'effondrent sous leur propre poids. C'est écrit dans une langue "classique", sans affèteries à la mode ni pseudo-rétro, évoquant avec une grande économie de moyen la grisaille typique du ch'nord. Ce jeu de massacre ou l'on finit par compter les cadavres pourrait paraître cynique, voire misanthrope, s'il n'y avait une certaine tendresse pour ces pauvres bougres, instaurant une certaine poésie du Plat pays qui n'est pas sans évoquer l'univers de Nadine Monfils .
Citation
Son admiration pour Jack Kerouac n'allait pas jusqu'à l'imiter en s'aventurant à faire de l'auto-stop sur les routes. Il voyageait en avion, se nourrissait dans les meilleurs restaurants, dormait dans les hôtels quatre étoiles et n'ambitionnait pas d'écrire des romans à partir d'expériences dangereuses et inconfortables. L'œuvre des autres suffisait à contenter sa soif de révolte et l'immense fortune de ses parents lui assurait une existence sans le moindre souci jusqu'à la fin de ses jours.