Avec le diable

Matt, à sa grande surprise, ne s'énerva pas. Il était calme. Aucune mention du viol de 1994, ni de la vengeance de Xu Xianxi. Mais il ne voulut pas lire plus de ce ramassis de journalisme à la botte de Beijing. Grand bien leur fasse ! Son ego, s'il devait en avoir un, avait disparu depuis longtemps dans le fleuve des désillusions.
Marc Zosso - Tout finit par se payer
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Mémoires - Policier

Avec le diable

Tueur en série - Autobiographie - Infiltration MAJ vendredi 21 octobre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

James Keene & Hillel Levin
In With the Devil - 2010
Traduit du français par Fabrice Pointeau
Paris : Sonatine, juin 2011
290 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 9782355840760

Actualités

Larry, un ami qui vous veut du bien

En 1990, James Keene se vit condamner à une peine de dix ans d'emprisonnement pour trafic de drogue aggravé. Dix mois plus tard, il recevait la visite du procureur qui l'avait jeté en prison : ce dernier lui proposait rien moins que la liberté, en échange d'un pacte avec le diable... Le diable, c'était Larry Hall, auteur de plus de vingt meurtres, en avouant quelques uns, taisant les autres sans que l'on sache pourquoi, et refusant obstinément de révéler les lieux où les corps de ses victimes avaient été enfouis. En échange de sa liberté, le FBI proposa donc à James de piéger Larry. Sa mission consista à se lier d'amitié avec le tueur en série, pour lui soutirer des informations essentielles, comme retrouver les corps de ses victimes.

C'est ce récit d'une aventure hors du commun, romancée, réécrite par Hillel Levin, qui nous est rapporté ici. Un récit mené de main de maître, alternant les registres, nouant l'autobiographie de James au récit des assassinats, l'essai sur les prisons américaines aux réflexions sur le Mal, démultipliant les voix narratives pour qu'à celle de James réponde celle du flic en charge des premières enquêtes qui menèrent à l'arrestation de Larry, voire celle de ce dernier, odyssée d'une vie imbécile, construite dans l'intimité du personnage, de sa famille, de ce père alcoolique, violent, fossoyeur, qui se trompait de tombes parfois au moment d'enterrer les morts...
Une étude magistrale, fascinante quand elle aborde l'histoire du pénitencier psychiatrique le plus sordide des États-Unis, Springfield, où est enfermé Larry. Histoire elle-même doublée d'une résolution intimiste quand elle se mêle de reconstruire l'approche de James. Car comment entrer dans la psychologie d'un asocial ? Comment l'apprivoiser ? Raccourcissant les distances qui l'en séparent désormais, elle nous redonne à vivre ses angoisses, ses stratégies, celle des questions que l'on pose sans attendre de réponse, voire de ces paroles vides échangées dans l'effroi du tête-à-tête avec le tueur.
De bribe en bribe, c'est cet itinéraire que l'on revit, où les récits s'entrecroisent, avec toujours en arrière-plan des considérations historiques, voire des réflexions passionnantes sur l'évolution de la criminalité aux États-Unis, traquant la montée en puissance du tueur en série dans l'imaginaire américain.

C'est encore un vrai questionnement sur l'art de la manipulation qui nous est offert, un art saturé des confessions insupportables d'un tueur presque aimable, victime de ses démons intérieurs, détournant les yeux au moment de garrotter ses victimes. C'est l'horreur des confidences qui nous est restituée, que James est bien contraint d'accueillir et qu'il n'en peut plus d'écouter, qui lui sautent à la figure avec la violence d'une déflagration intérieure dont il est bien près de ne pas se remettre, oubliant sa mission, la faisant presque échouer, et sur le fil, dans un dernier sursaut, gagnant son ticket, abasourdi d'avoir mené jusqu'au bout l'histoire impossible de sa libération, un choc qui emprunte ici la forme du docu-fiction.

Citation

Parfois je rêve que je tue des femmes. Mais je crois que c'est juste un rêve.

Rédacteur: Joël Jégouzo lundi 17 octobre 2011
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page