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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Fabrice Pointeau
Paris : Sonatine, octobre 2011
400 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-071-5
Héritage meurtrier
Avec Un employé modèle, Paul Cleave avait ouvert une brèche intéressante et quasi-simultanée à celle de Jeff Lindsay, le créateur de Dexter. Il avait à l'époque proposé un thriller nous invitant à suivre les mésaventures d'un serial killer caustique mais sympathique. Un père idéal pose la question du déterminisme avec un héros dont le père emprisonné est un serial killer de renom. L'écriture de Paul Cleave s'est aiguisée, ses idées se sont éclaircies.
L'histoire débute de la plus banale des manière. Edward Hunter est profondément amoureux de sa femme, et il adore sa fille. Le couple se décide à demander un prêt à la banque en vue d'acquérir une propriété. Mais le jour où ils se rendent à la banque est aussi celui choisi par une bande de malfrats pour commettre un braquage violent et sanguinaire. Sa femme est assassinée. Au lieu de s'apitoyer sur son sort, la population de Christchurch s'attend à ce qu'il venge sa femme de la pire des manières. Car, c'est sûr, il a implanté dans ses gênes le meurtre en série hérité de son père. Pour cet homme moralement détruit, c'est une semaine sans merci qui commence d'autant plus que ses beaux-parents le rendent responsable de la mort de leur fille.
Le roman s'installe alors dans une veine horrifique avec des scènes de vengeance qui pourraient faire froid dans le dos si elles n'étaient pas aussi volontairement appuyées. Edward Hunter remonte inlassablement la piste des braqueurs qui se braquent à leur tour (enfin, les survivants), et finissent par enlever sa fille. Il se décide à faire appel à son père, trouve le moyen de le faire s'évader. Il y a maintenant deux tueurs dans les rues de la capitale néo-zélandaise pour le pire et le pire. La maîtrise de Paul Cleave est alors quasi parfaite en ce qui concerne l'intensité dramatique. Il approche la perfection avec un thriller sombre et noir qui devient insoutenable. Après un tiers de légèreté, le fardeau qu'il impose à son héros émeut au possible. Vingt pages avant la fin, on a envie de respirer, de poser le roman, et de se dire que l'on a lu un truc qui va rester. Mais c'est le moment que choisit Paul Cleave pour nous imposer sa fin. Dommage. Car même si elle propose un cliffhanger de première, elle exclue que le lecteur fasse lui-même son choix, et la pression redescend. Mis à part ce petit reproche, il n'en demeure pas moins que ce recueil néo-zélandais est de haute facture, et qu'il fera bien plus que ravir les amateurs du genre.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°45
Citation
Il revoit Edward Hunter étreignant son père le matin de l'arrestation. Après la mort de sa mère, un an plus tard, il n'a plus guère pensé à lui, hormis lorsque, quelques années plus tard, il a appris que sa sœur avait fait une overdose d'héroïne. Mais jamais depuis.