Je me suis raconté des histoires très tôt

Le culte du soupçon est matérialisé par la densité anormale de zones sous vidéosurveillance. À tel point qu'on se demande comment les gens arrivent à tuer ici, et à une fréquence pareille. Il suffit d'une voiture inconnue pour que mille témoins apparaissent. Des témoins sans pudeur, qui ne craignent pas de se mettre à la fenêtre ou sur le balcon pour te dévisager les bras croisés, tous ensemble, en silence, histoire que tu te sentes cerné. Voilà la grande contradiction.
Dario Correnti - La Nostalgie du sang
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Mémoires - Noir

Je me suis raconté des histoires très tôt

Social MAJ samedi 29 octobre 2011

Note accordée au livre: 1 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13 €

Frédéric Dard
François Rivière (intervieweur)
Francis Gillery (intervieweur)
Paris : Fleuve noir, octobre 2011
192 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-265-09072-9

Faut pas prendre les enfants de San-A pour des canards sauvages

Sentiment très mitigé à la lecture de ce recueil de propos. C'est un peu le serpent qui se mord la queue, ce bouquin. Tout amateur de Frédéric Dard s'est, je suppose, frotté les mains à l'annonce de la parution de ce livre, onze ans après la mort du Dabe. Toute la stratégie éditoriale repose sur un argument, revenant en boucle : ce sont des propos I-NÉ-DITS ! Couverture, préface, remerciements... L'inédit est porté au pinacle et, foi d'exégètes, on va vous en montrer plein la vue.

Sauf que non. Les trois quarts – au moins – de ces prétendus propos inédits, tout connaisseur de Frédéric Dard les connaît, les a déjà lus ou entendus au fil des interviews du père de San-Antonio. Ben oui, aussi remplie fut-elle, il n'a eu qu'une seule vie, cet homme-là. Alors forcément, ces propos ont un goût de déjà-vu, et sont aussi inédits que moi je suis le frère jumeau de Bérurier. Et ce qui me semble vraiment inédit dans ce livre, franchement, ce sont des souvenirs au mieux pittoresques, objectivement sans intérêt majeur.

Oui, mais tout le monde ne connaît pas San-Antonio aussi bien que toi, me répliqueront les pleureuses habituelles, et ce livre a au moins le mérite de compiler des propos épars en un seul volume. Certes. Objection retenue, monsieur le juge. Sauf que :
- Qui va acheter ce livre, franchement ? Le gonzier qui n'a jamais ouvert un San-A ? Bien sûr que non. C'est un livre destiné aux connaisseurs ou aux fans. Et beaucoup d'entre eux vont avoir le sentiment de s'être fait enfler bien profond et d'être une fois de plus les dindons d'une farce éditoriale et mercantile qui dure depuis bien trop longtemps.
- Si au moins il y avait un travail sur la forme accompli dans ce livre. Mais tiens, fume ! Retranscription brute, sans habillage, de rushes coupés au montage, empilés à la va-comme-je-te-fais-du-fric.

Heureusement, il y a la truculence du style de Dard. Son sens unique de la narration qui arrive à transcender, à magnifier, ce mille-feuilles informe. Et qui prouve une fois de plus le génie de cet homme, capable par son seul verbe de donner de l'intérêt à cette petite arnaque.

Citation

San-Antonio, ça a été d'abord le salut, c'est-à-dire bien gagner sa vie, avoir une vie confortable pour les miens, bien se loger, avoir une maison, avoir tout ce qu'on veut, enfin tout ce qui fait le confort, qu'on est bien dans sa peau, qu'on est bien même socialement, mais ça me tourmentait.

Rédacteur: Aurélien Leclercq jeudi 27 octobre 2011
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page