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Grand format
Inédit
Tout public
416 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-0812-5664-4
Coll. "Thriller"
Quand un bourreau fait justice !
Par dérogation, le duel judiciaire avait été autorisé. Il opposait Charles de Salvin à Jacques de Faussay. Ce dernier était accusé, par Marie de Salvin, de l'avoir violentée en l'absence de son mari. Faussay, meilleur bretteur, tue Charles, condamnant Marie, devenue menteuse, à être brûlée vive. Le maître de justice de Mortagne-en-Perche, Hardouin Cadet-Venelle, masqué, est chargé de la sentence. Jusqu'au bout, elle maintient sa version et, sur le bûcher, plante son regard dans celui du bourreau.
Celui-ci, hanté par ces yeux, s'interroge sur sa fonction.
Quelques jours plus tard, alors qu'il se trouve dans une auberge d'un bourg voisin, il surprend la conversation de deux hommes avinés. L'un se vante d'avoir : "... troussé une dame de haut, à la manière d'une puterelle". Hardouin reconnaît Faussay. Le bourreau veut sa tête et convainc le sous-bailli Arnaud de Tisans de le faire juger. L'interlocuteur de Faussay, retrouvé par le bourreau, témoigne "facilement". La Question et le procès révèlent la vérité et l'innocence de la jeune femme. Hardouin exécute la sentence sans le remord habituel.
Cet épisode bouleverse profondément le bourreau. Aussi, quand Arnaud de Tisans lui demande d'apporter la preuve posthume de l'innocence d'une femme enterrée vive et d'enquêter sur un meurtrier en série d'enfants qui sévit à Nogent-le-Rotrou, il accepte. Toutefois, il flaire une affaire sombre, aux ramifications politiques. Mais avec la conviction d'œuvrer pour une réelle justice, il se lance...
Avec Le Brasier de Justice, Andrea H. Japp propose la première enquête de M. Justice, un bourreau évoluant dans le Perche au début du XIVe siècle. Elle décrit le statut social de ces individus qui se transmettent la charge de père en fils. Nécessaires au fonctionnement d'une société implacable, ils sont méprisés de tous, mis à l'écart, aussi réprouvés que ceux qu'ils torturent et mettent à mort. Elle peint le quotidien de ces exécuteurs de justice, leur solitude, l'obligation de vivre en cercle fermé, entre lignées de bourreaux. D'ailleurs, ils obtenaient de l'Église, sans difficultés, les dispenses pour mariages consanguins.
Elle intègre naturellement dans son récit, sans complaisance ni voyeurisme, les supplices appliqués à cette époque avec l'angle de vue de l'acteur, de celui qui meurtrit et donne la mort. Elle raconte les consciences tourmentées de certains de ces hommes et de ces femmes, bien qu'ils ne soient que des exécutants. Ce n'étaient pas eux qui jugeaient et condamnaient.
Autour d'Hardouin, elle anime toute une théorie de personnages représentatifs de cette société agraire et donne moult détails sur la vie quotidienne. Le choix d'un tel personnage est attractif car innovant. Il ouvre tout un volet de péripéties inédites, renouvelant, en proposant une vision différente, le roman policier historique.
Elle explicite, dans de nombreux renvois en bas de page, les termes en usage à l'époque, dont on a perdu le sens originel, les hiérarchies et leurs rapports, les lieux et la provenance de certains termes de vocabulaire. Mais l'auteur qui affectionne les grandes demeures permet à son héros d'accéder à un vaste logis, grâce à ses talents de chirurgien. En effet, à l'époque, celui qui savait écorcher vif un prévenu pouvait aussi utiliser cette maitrise pour soulager.
Elle lance son héros dans une enquête difficile où se mêlent nombre de facteurs, sur un territoire à la jonction de deux pouvoirs. Andrea H. Japp mène son intrigue avec brio, amalgamant la rigueur d'une enquête de type policier, la tension d'un thriller, l'érudition d'une historienne.
Le Brasier de Justice, ce premier volet, en fait espérer beaucoup d'autres par la qualité du récit, la vigueur de l'intrigue et l'environnement historique fort bien restitué.
Citation
Le calvaire et la mort de l'infâme ne lui avaient procuré aucun plaisir ni déplaisir. En revanche, que justice soit enfin rendue et que Marie de Salvin ait retrouvé son honneur le grisait. Lui, l'exclu, le presque non-humain, avait contraint les hommes et la justice à la vérité.