Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anny Amberni
Paris : Points, février 2011
414 p. ;
ISBN 978-2-7578-2194-7
Coll. "Roman noir", 2557
Actualités
- 10/03 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix du meilleur polar des lecteurs de Points
Huit des neuf titres en compétition pour le Prix du meilleur polar des lecteurs de Points sont maintenant connus. Fidèle à son habitude, ce prix qui a déjà récompensé par le passé Antonin Varenne (Fakirs, 2010), Pete Dexter (Cotton Point, 2011), Tana French (Les Lieux infidèles, 2012) et Tomas H. Cook (Au lieu-dit Noir-Étang..., 2013), propose une sélection hétéroclite puisée dans les trois collections que sont "Policiers", "Thrillers" et "Roman noir". Si la sélection se dévoile peu à peu avec un ou deux, voire trois titres par mois, les jurés ont dix mois pour faire leur choix. De janvier à octobre 2014, avec un nombre sans cesse croissant au fil des éditions, ce ne sont pas moins de quarante lecteurs amateurs et vingt plus professionnels qui se plongent (ou replongent puisqu'il s'agit de romans déjà publiés en grand format) dans des récits où intrigue, style et crime font mauvais ménage. Malheureusement, les personnes qui se montreraient intéressées pour faire partie du jury des lecteurs amateurs devront ronger leur frein puisque le dépot des candidatures est clos depuis le 10 mars. Il n'en demeure pas moins que vous pouvez aller naviguer sur le Cercle Points afin de vous familiariser avec le prix et les ouvrages en lice ! Sinon, rendez-vous en octobre pour la suite...
Sélection juin 2014 :
- Kind of Blue, de Miles Corwin.
Sélection mai 2014 :
- Étranges rivages, d'Arnaldur Indridason ;
- Niceville, de Carsten Stroud.
Sélection mars 2014 :
- Une belle saloperie, de Robert Littell ;
- Guerre sale, de Dominique Sylvain ;
- Arab Jazz, de Karim Miské.
Sélection janvier 2014 :
- Brunetti et le mauvais augure, de Donna Leon ;
- Le Sang des maudits, de Leighton Gage.
Liens : Fakirs |Les Lieux infidèles |Au lieu-dit Noir-Étang... |Une Belle saloperie |Guerre sale |Arab jazz |Niceville |Kind of blue |Étranges rivages |Étranges rivages |Antonin Varenne |Pete Dexter |Tana French |Thomas H. Cook |Arnaldur Indridason |Robert Littell |Dominique Sylvain |Karim Miské |Donna Leon - 24/11 Prix littéraire: Pete Dexter à l'honneur
Pour la haine de sa femme
C'est à Cotton Point, une petite ville du Midwest américain dans les années 1950 ancrée dans ses mentalités raciales, que sévit Paris Trout. L'homme, Blanc, prête de l'argent à tout le monde, surtout aux Noirs à des taux prohibitifs. Il vend aussi des voitures dont la rouille est cachée sous des couches de peinture. Henry Ray en a pas plus tôt acheté une, qu'un camion l'emboutit révélant son véritable état. Henry Ray est fier et insouciant, il ne paiera pas ses traites. Paris Trout est fier et soucieux, si l'on commence à accepter que l'on puisse ne pas payer ses traites, l'on ne se fait pas respecter. Et sans respect, pas du business possible. C'est pourquoi, en compagnie de Buster Devonne, un ancien flic viré pour violences répétées, il s'en va recouvrer ses créances auprès de la famille de Henry Ray. C'est le début d'une course-poursuite dans la maison avec Miss Mary et Rosie, qui se retrouvent toutes deux plombées. Rosie ne survivra pas. Dans Cotton Point, l'émotion se fait elle aussi violence, et force est de constater qu'il va bien falloir juger Paris Trout d'autant que le juge Townes entend bien en faire une affaire personnelle, au grand dam de l'avocat Seagraves, qui va n'avoir de cesse de se demander quand donc cette affaire prendra fin.
Cotton Point n'est pas un roman sur la violence raciste gratuite dans les années 1950. C'est avant tout un roman qui s'attarde sur le personnage étrange qu'est Paris Trout, vieux aigri, célibataire dans l'âme, qui n'aime vraiment personne à part sa mère impotente dans une maison de retraite, et qui n'a épousé Hannah Trout, ancienne institutrice, que pour assouvir ses pulsions sexuelles et l'asservir. Et c'est bien parce qu'au début du roman, Hannah Trout s'est prise de pitié pour Rosie, mordue au pied par un renard, que cette folie meurtrière a débuté. Durant toute l'intrigue, c'est un combat physique et mental que se livrent les deux protagonistes. Paris Trout est plus fort physiquement. Il impose donc son joug, la viole avec une bouteille, la torture, manque de la noyer, tente de la faire passer pour folle avant de se confronter, de plus en plus impuissant, à la volonté farouche d'Hannah Strout. Il sombre alors dans la paranoïa, croit qu'elle veut l'empoisonner, l'assassiner dans son sommeil. Alors il la barricade, il met au sol de sa chambre du verre réfléchissant, sous son matelas une feuille de plomb avant de fuir le domicile conjugal. Il ne dort plus, ne se lave plus, ne se rase plus, ne s'alimente plus, néglige ses affaires et survit la peur au ventre un revolver dans une main qu'il tient d'une poigne incertaine. Pendant ce temps, Hannah Trout revit, trouve un amant, entame une procédure de divorce. Paris Trout est condamné à une peine ridicule pour l'homicide de Rosie, mais il n'entend pas aller en prison pour une nègre. Il est dans son bon droit. Le shérif local, lui-même, a du mal à l'arrêter. Mais tout s'achète, même la liberté qui a son prix pour l'élite. Cela dit c'est un achat bien ridicule au vu de ce que traverse Paris Trout. Reclus, acculé, défait moralement.
Le roman, parfaitement maitrisé et structuré, s'attarde sur les personnages principaux d'un drame qui ira culminant pour se conclure en une boucherie somme toute prévisible. Violent, insensé, abouti et stylisé : Pete Dexter dans son œuvre, œil détonant et décapant de l'Amérique frustre des petits péquenots et des héros modestes et banals. Ou l'antithèse du rêve américain, de ce cauchemar sans climatiseur...
Récompenses :
Prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2011
Citation
Il aurait bien voulu lui raconter ce qui était arrivé, mais il ne s'agissait pas d'une histoire où certaines causes amenaient certains événements selon un ordre naturel