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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Cécile Deniard
Paris : Presses de la Cité, octobre 2011
430 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-08821-4
Coll. "Sang d'encre"
Inouis Inuits
Après des années à sillonner de droite et de gauche le monde du polar, les auteurs et les éditeurs se sont rendus compte qu'ils tournaient en rond. Pour relancer le genre, diverses pistes s'ouvraient à eux. L'une était notamment de changer le point de vue. Pour cela, deux solutions s'offrirent rapidement : remonter dans le temps et mélanger l'intrigue policière à un décor et des motivations historiques ou se déplacer géographiquement. 10-18 excella dans ces deux branches en évoquant d'autres périodes ou en allant chercher des auteurs connus nationalement mais qui pourraient s'internationaliser. Mais d'autres courant naquirent et les éditeurs se "spécialisèrent" dans des polars nordiques, sud-américains voire africains et asiatiques avec des fortunes diverses. Les auteurs nordiques sont aujourd'hui parmi les plus médiatisés. Avec Chaleur blanche, nous voilà partis dans le nord le plus extrême.
Le roman installe sur une intrigue somme toute classique de corruption (en effet les terres vierges et immaculées du Pôle et leurs sous-sols attirent forcément des convoitises) une description très prenante du mode de vie des communautés arctiques. Vivant de petits métiers traditionnels, dans des sociétés figées, là où chaque geste inconsidéré peut causer la mort (impossible de courir pour échapper à un danger car on transpire et la sueur peut geler et tuer !), l'Inuit s'est quand même adapté au monde moderne notamment en utilisant l'avion et en vivant des touristes.
L'auteur, même si l'on sent une sympathie pour ses personnages, ne cache pas la réalité d'une société. Les dégâts de l'alcoolisme, qui d'ailleurs retarde l'enquête car le personnage central a des cuites mémorables, et le fait d'être un groupe restreint qui vit en milieu clos avec des relations conflictuelles inévitables, avec des individus qui le composent qui sont à l'image de tout groupe : un mélange de gens biens, de salauds et de profiteurs.
Un passage reflète bien cet état d'esprit lorsque le potentat local décide de mener une campagne politique à "l'occidentale" et fait imprimer des professions de foi alors que la population vit quasiment dans la même rue et que de toute façon la tradition fait qu'il n'y a jamais personne qui peut s'opposer à lui...
Ainsi sur une structure policière qui manie avec soin un bon suspense, Melanie J. McGrath développe une description intéressante d'une société autre, lointaine et en même temps si proche. Au sein d'un décor naturel restitué dans toute sa beauté rigoureuse, au sens climatique du terme, Chaleur blanche renoue avec le meilleur du polar ethnologique.
Nominations :
Prix du Polar Sud-Ouest/Lire en Poche 2013
Citation
Notre père qui êtes aux cieux donnez nous aujourd'hui notre phoque du jour.