Paris en temps de paix

Quel connard ce garagiste. Normalement ces mecs-là ne se suicident pas, ils n'ont pas le temps, ils sont trop occupés à percer les radiateurs ou à scier les directions en douce pour pouvoir les réparer et les facturer par la suite. Merde, quoi, j'étais tombé sur le seul garagiste à ne pas avoir un carburateur à la place du cœur.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Paris en temps de paix

Politique MAJ mercredi 30 novembre 2011

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Gilles Martin-Chauffier
Paris : Grasset, août 2011
332 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-246-78902-4
Coll. "Roman"

Un grisbi dans le kebab

Il y a ceux qui écrivent des polars et qui ne font que ça. Et il y a ceux qui, venant de la littérature en général, se piquent d'écrire un polar en particulier. Gilles Martin-Chauffier appartient plutôt à la seconde catégorie. On se gardera de le présenter : son titre de rédac-chef à Paris-Match se suffit à lui-même. Du reste, il n'est pas nécessaire de parler d'un auteur pour parler de son livre.

Le titre est prometteur : Paris en temps de paix laisse entendre ce que pourrait être un Paris en temps de guerre et on se dit que, peut-être, ce livre va avoir quelque chose de prophétique, un peu comme dans les livres de Maurice G. Dantec, mais avec la panoplie ésotérico-mystique en moins. Eh bien, pas du tout ! L'histoire se déroule de nos jours dans le 18e arrondissement de Paris, sur fond de tensions communautaires. Un jeune juif du quartier est enlevé. On pense tout de suite à une autre affaire Ilan Halimi. Le ministère de l'Intérieur, la Crim', les commerçants du quartier, tout le monde s'agite. Sauf le commissaire Kergénéan, républicain cynique à qui on ne la fait pas, démasquant derrière les discours outragés des uns et des autres le visage du conformisme le plus éculé, qu'il soit franco-français, musulman ou juif. Chacun défend son business et se fourre le doigt dans l'œil, car c'est avant tout ça une communauté : un groupe d'individus liés par des intérêts divers et qui ignorent les autres.

Disons-le tout de suite : Gilles Martin-Chauffier s'intéresse davantage à évoquer dans son roman le climat général de notre époque au détriment d'une intrigue qui laisserait le lecteur sur le carreau. On est plus dans la satire que dans le polar. À ce sujet, on s'amusera aux apparitions de Patapouf, le maire socialiste du 18e qui, à force d'arrondir les angles avec les uns et les autres (et son parti en particulier), finit par être piégé par son propre immobilisme de progressiste professionnel. Du reste, il s'appelle Homais. Un clin d'œil à Flaubert. Il y a bien d'autres clins d'œil dans ce roman, qu'il s'agisse de la ministre de l'Intérieur, une certaine Christine, froide comme un couteau, ou d'un intellectuel aperçu dans un hôtel chic et qui semble ressembler à notre BHL national...

Le journaliste perce sous la plume du romancier, au risque parfois de lasser son lecteur qui attend que le sang gicle un peu plus et que l'intrigue trouve un rythme de croisière honorable. Mais le livre étant publié sous la couverture jaune de Grasset, on finit par comprendre que le genre du polar n'est ici qu'un prétexte à écrire une histoire dans l'air du temps. Gilles Martin-Chauffier est un brillant moraliste. Pour le reste, le roman noir attendra un nouvel auteur.

Citation

Si vous croyez tous les bons flics gauchistes, alcooliques, dépressifs et divorcés, cessez de lire des polars français.

Rédacteur: Pascal Hérault mardi 29 novembre 2011
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