Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Jocelyne Warolin
Paris : Le Masque, septembre 2011
286 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3624-0
Coll. "Agatha Christie", 6
Drame impassionnel
La Nuit qui ne finit pas arrive étonnamment au crépuscule de la carrière littéraire d'Agatha Christie. C'est avant tout un excellent roman noir psychologique, preuve s'il en fallait une que la Reine du crime jusqu'à ses derniers jours s'est sempiternellement remise en question avec une intrigue et un style en perpétuel progrès, dans une traduction ici entièrement révisée. Il ne faudra pas chercher de détective car il s'agit bien d'un roman noir comme auraient pu l'écrire Frédéric Dard ou le couple Boileau-Narcejac avec un accent mis sur la psychologie du personnage principal, Michael Rogers.
Tout débute comme une histoire d'amour. Narrateur, il évoque sa rencontre hasardeuse avec Ellie, dans une propriété en vente. Véritable coup de foudre qui débouche sur un mariage, l'acquisition des lieux de la rencontre et l'édification d'une maison moderne par l'intermédiaire d'un architecte renommé et mourant. Les choses sont d'autant plus faciles qu'Ellie est la riche héritière d'un magnat américain du pétrole. Michael Rogers, lui, est pauvre mais amoureux. Rien ne peut enrayer leur bonheur à part la famille d'Ellie : sa belle-mère, ses nombreux oncles - qui sont autant de pique-assiettes -, qui ne tardent pas à débarquer en Angleterre pour ne pas perdre leurs petits et gros avantages. Il y a aussi Greta, une belle blonde plantureuse, jeune fille au pair ou dame de compagnie d'Ellie avant sa majorité, qui a joué les intrigantes durant de longs mois, cachant à la famille la relation des deux amoureux transis. Greta qui a beaucoup trop d'emprise sur Ellie, et qui ne tarde pas à s'installer avec le couple au grand dam de Mike. Mais il y a surtout le lieu hanté sur lequel est bâti la nouvelle maison : le Champ du Gitan. Il y a eu à une époque un triple meurtre. Après, les propriétaires se sont succédé et la superstition s'est installée. Une Gitane a même lu les lignes de la main des deux protagonistes, et est repartie effrayée. Pourtant, pendant les deux tiers du roman, on assiste à un véritable roman à l'eau de rose dans la petite bourgeoisie provinciale anglaise pimentée par la nouvelle aristocratie américaine. Agatha Christie, fidèle à elle-même, dépeint ces personnages, autant d'archétypes avec leurs travers prononcés.
On avance cahin-caha en se demandant quand le drame annoncé dès les premières pages du roman va se dérouler. Et, d'un coup, on est en plein dedans. Rupture rythmique totale. Ellie meurt d'un accident de cheval. La vérité se fait jour, en même temps que les acteurs du drame se placent sur un échiquier qui n'est plus bucolique. Mais chez Agatha Chistie, il n'existe ni injustice ni rédemption. Le coupable sera puni de la pire des manières...
Citation
- Je me suis réveillé tout guilleret, ce matin. Il y a comme ça des jours où tout dans le monde vous semble merveilleux.
- Holà ! s'exclama Phillpot, attention ! Ce genre de réveil, c'est connu pour être signe de mort.