Le Mauvais

Tolliver était costaud mais pas en forme. Rapidement l'effort que ça demandait de tabasser Arlen dans cette pièce chaude et humide laissa des traces et il se mit bientôt à respirer presque aussi bruyamment que lui.
Michael Koryta - Mortels regards
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Le Mauvais

Assassinat MAJ lundi 19 décembre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Shuichi Yoshida
Akunin - 2007
Traduit du japonais par Gérard Siary, Mieko Nakajima-Siary
Arles : Philippe Picquier, octobre 2011
382 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-8097-0297-2

Cimes et châtiment

Voilà un roman qui ébranle bien des certitudes. Dans un col de montagne, une nuit de grand froid, une jeune femme est étranglée. Nous allons alors suivre tous les protagonistes qui partagent un lien proche ou éloigné avec la victime, avant, au moment, et après sa mort.
Le Mauvais, c'est aussi "le mauvais choix", les erreurs que nous pourrions faire, de ces fautes qui nous conduiraient aux frontières du raisonnable. Dans une histoire extrêmement bien ficelée, Yoshida Shuichi nous tient en haleine et en tension. Il faut se concentrer sur la foultitude de personnages si l'on ne veut pas être largué en plein milieu de l'intrigue, mais ça vaut la peine de gravir la montagne. Disons-le tout net, c'est quand on bascule du côté du coupable, que le roman se dépasse pour atteindre un état de catharsis de la plus haute volée. On ne le lâche alors plus jusqu'à la fin.
À vrai dire, personne n'est vraiment bon dans cette histoire, mais nul n'est vraiment mauvais non plus. On pouvait s'y attendre, mais on se surprend à être pris d'empathie pour ces personnages quelque peu perdus dans leurs relations amoureuses, leur vie familiale ou professionnelle. Chaque caractère nous semble étrangement familier et c'est là qu'est cachée la force qui soutient tout le roman. Le récit est fouillé et les personnages richement travaillés. Les rebondissements s'enchaînent tous plus surprenants les uns que les autres, les points de vue se croisent et se jouent du lecteur qui ne sait plus à qui se fier ni que croire.
La construction du roman lui-même en quatre chapitres et un épilogue mystérieusement titré participe au puzzle mis en place par l'auteur.
Il y est question aussi de "rencontres", principalement par Internet, de textos échangés, de tous ces intermédiaires technologiques contemporains de communication qui semblent perdre la jeunesse japonaise.
La force du livre c'est qu'il arrive réellement à nous émouvoir, par la faiblesse des personnages, leur mesquinerie et leurs mensonges. Le Mauvais, c'est un peu le saint patron de la médiocrité, et c'est l'humanité tout entière que semble pointer du doigt Yoshida Shuichi.
La fin nous submerge littéralement. En effet, l'auteur, à la frontière des genres, trouble nos pensées. Sans jamais prendre parti, il réussit subtilement à faire des allées et venues de la victime au meurtrier en gardant une espèce de réalité froide et sans concession, emprunte néanmoins d'un certain romantisme et d'une âpreté de la vie.
Le Mauvais, on l'aura compris, n'est pas celui que l'on croit. Oui mais si ça avait été vous, qu'auriez-vous fait ?

Citation

Une pensée subite lui a traversé l'esprit : 'C'est ce genre de femme qu'un homme peut tuer.' Il n'aurait pas pu expliquer ce qu'il voulait dire exactement par 'ce genre de femme', mais il était persuadé que 'ce genre de femme' ne manquerait pas de s'attirer un jour la colère d'un homme qui la tuerait.

Rédacteur: Kristophe Noël samedi 17 décembre 2011
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page