Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
48 p. ; illustrations en couleur ; 31 x 23 cm
ISBN 978-2-203-03885-1
Une enquête de l'inspecteur Canardo, 20
Ce qu'il faut savoir sur la série
Canardo est un canard privé en trench coat. Il erre dans la vie, désabusé, et hante les bistrots où bien souvent il croise son ami, le commissaire lapin Garenni.
Famille recomposée du monde du crime
Se plonger dans une aventure de Canardo c'est avant tout avoir l'assurance de découvrir dans un 48-pages un foisonnement hard boiled sous un costume anthropomorphique. Déjà vingt albums pour Sokal. Autant que d'arrondissements parisiens, et autant le dire, bien plus que de volumes des aventures de Nestor Burma, le détective de choc de Léo Malet qui avait voulu faire siens ces mêmes quartiers.
La filiation n'est pas aussi gratuite que ça. Bien sûr, le canard enquêteur à l'imper mais pas à l'envers, n'a pas de secrétaire accorte, bien sûr, il ne joue pas du saxophone, mais il a cette dégaine et ce goût pour aller là où on lui dit de ne pas aller qui forcent le respect et la similitude.
Une bavure bien baveuse débute avec un commissaire Garenne imbibé comme jamais qui se retrouve sur les lieux d'un braquage de banque qui finit dans un bain de sang. Les malfaiteurs se font la malle avec leur butin. Ils laissent derrière eux quelques cadavres, dont celui de l'inspecteur Molard. Seul problème, il a été abattu par l'arme de Garenne. Seul réconfort, le cadavre n'est pas encore tout à fait à l'état de cadavre. Juste comateux. C'est sûrement pour ça d'ailleurs qu'il se fait plomber à l'hôpital. Canardo, qui avait entretemps été chargé par la femme de son ami Garenne d'enquêter sur les raisons de sa nouvelle addiction à l'alcool, est certain d'un coup monté. Il boit alors des Syberiks, couche avec la très belle inspectrice de l'IGS au nom qui devrait l'alerter, Manta, croise des brigands, des flics et des flics-brigands ou des brigands-flics.
On assiste alors à une enquête dont les points culminants sont d'étranges révélations qui se terminent par des bains de sang pour un Canardo plus sauvage que jamais (et il est loin d'être un enfant du bon Dieu). Alors que l'on s'achemine vers une résolution en solitaire comme nous en avait habitué Sokal, la morale immorale viendra d'un autre de ses personnages. Grandiose assurément, avec des dialogues tirés au couteau (et de petites perles comme cette "coquetterie au foie" pour évoquer une cirrhose), une intrigue étonnement coriace et soudée, et des caractères bien trempés dont certains très vraiment très moches. "Un dessin vaut mieux qu'un long discours", ce n'est pas Sokal qui nous contredira. Il n'a pas son pareil pour dessiner les femmes fatales, belles parmi les moches de son univers. Un univers saturé de crasse, d'alcool, de mauvaises ondes, un univers pluvieux avec une ville comme aurait pu l'imaginer David Goodis et où les méchants sont très méchants, et les gentils plutôt méchants. Dans la plus pure tradition hammettienne... Sokal, quoi !
Illustration intérieure
Canardo entame la partie de poker de la dernière chance pour blanchir l'honneur de son ami le commissaire Garenne.
Citation
Vous comprenez inspecteur Manta, Garenne est un con, un vrai... un petit flic médiocre mais pas vraiment méchant... un bon con, quoi !? Mais voilà avec les années, je m'y suis attaché, allez comprendre. Alors, j'vais le sortir de là... Que ça vous plaise ou non !