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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Namia
Paris : Calmann-Lévy, septembre 2011
428 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4250-9
Coll. "Robert Pépin présente"
Plaisirs mortels
Palm Beach figure dans la longue liste des endroits aux cadres géographiques paradisiaques dans lesquels certains privilégiés ont décidé de vivre entre eux pour profiter bien souvent d'un luxe insolent en s'enfermant dans une sorte de ghetto pour portefeuilles bien garnis. Et si certaines précisions sont nécessaires, il est possible d'affiner les critères de sélection de cette ville de Floride située sur une presqu'île toute en longueur en précisant que la population est essentiellement blanche. Ce paradis terrestre sert également d'écrin à de nombreuses femmes aisées et solitaires venues y couler des jours tranquilles, leur argent facilitant largement les choses sous ce soleil radieux face à l'immensité de l'océan. Mais comme le dit le début de l'adage populaire : l'argent ne fait pas le bonheur...
Rapidement Louis Kincaid va s'en rendre compte lorsqu'il débarque à Palm Beach pour venir en aide à Reggie Kent accusé du meurtre d'un jeune homme, Mark Durand. Son corps a été retrouvé sans tête abandonné dans un enclos à bestiaux. Face à ces atroces détails, l'image idyllique de carte postale de Palm Beach en prend déjà un sérieux coup. Et cela va continuer avec le lien qui rapprochait les deux hommes ; ils exerçaient tous les deux la profession d'escort boy, ces messieurs au physique jeune et agréable qui acceptent d'accompagner des dames un peu trop seules lors de soirées ou de diners dans lesquels se retrouve toute la bonne société. Mais attention, même si ce genre de prestations est rémunéré, il ne s'agit que de servir de faire-valoir aux bras de ces dames. L'honneur est semble-t-il sauf. Reggie est accusé du meurtre de son collègue car il apparait aussi qu'ils ont entretenu une relation homosexuelle. En creusant un peu plus c'est surtout Reggie qui était amoureux de Mark, lui étant plus sensible aux beaux cadeaux. Kincaid va découvrir que Mark avait dépassé le stade de l'escort pour arriver à celui de prostitué et que son goût pour l'argent et les belles choses avaient sans doute contribué à ce changement. Le coupable ne serait donc pas forcément l'amant éconduit, Mark ne serait pas non plus gay et Kincaid réussit à faire le lien avec d'autres disparitions mystérieuses de jeunes hommes qui auraient eux aussi perdu la tête. Décidément il se passerait des choses pas vraiment jolies après les soirées guindées de Palm Beach. Kincaid, qui n'est pas très épaté par le luxe ambiant, ne va pas se faire des amies en fouillant dans leurs affaires et en remuant des histoires qui touchent le milieu politique local et la corruption de certaines personnes influentes qui ont payé pour acheter certains silences, même du côté de la Police pas vraiment investigatrice et coopérative, et qui préfère souvent fermer les yeux.
Ce tandem de deux sœurs qui se cachent sous le nom de P. J. Harrish offre une sombre histoire à la sensibilité très féminine. Elles choisissent d'utiliser comme toile de fond un sujet plutôt encore assez tabou qui est le manque affectif des femmes esseulées ou délaissées dans ce monde régi depuis des lustres par les hommes. Elles ne se contentent pas d'aborder la solitude morale que certaines peuvent connaître et dans laquelle elles ont le plus grand mal à se retrouver enfermées. Elles orientent aussi leur roman policier sur le vide sexuel que ces femmes endurent et dans lequel elles refusent de se voir finir. Dans le cas présent l'argent facilite largement les choses pour trouver de jeunes corps vigoureux pour assouvir leurs envies et leurs manques. Et bien souvent si l'argent est là, il est suivi de près par les relations qui donnent à certaines l'impression de se croire tout permis et d'être au-dessus des lois, de se sentir les plus fortes et de pouvoir tout contrôler jusqu'à la vie d'autrui. Et à la fin du livre on mesure tout particulièrement toute la subtilité donné au titre par les deux auteurs du livre. Il est parfaitement utilisé dans son double sens et n'en est que plus puissant face à la fragilité difficilement mesurable de l'être humain dans des moments bien délicats, à la la limite de l'intime.
Citation
L'une de ses qualités en tant que flic était de faire la différence entre ce qu'il avait vu et ce qu'il était 'censé' avoir vu.