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Les Lois de la vengeance
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Arnaud d'Apremont
Paris : Belfond, octobre 2011
470 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7144-4427-1
Coll. "Noir"
Éloge de la paranoïa ambiante
Les récits d'espionnage se construisent souvent comme des poupées russes où chaque complot et plan diabolique est noyauté par un traitre ou un agent double qui va retourner comme une crêpe les événements dans le sens qui l'intéresse. Au bout du compte, le lecteur se retrouve face à une montagne russe (comme les poupées, il y a une thématique géographique avant même la construction du Mur) où ses certitudes chavirent à chaque instant telle les poupée gigogne qui en s'ouvrant en révèle une autre.
Dans Les Lois de la vengeance, dernier roman en date de Christopher Reich, une recrue de choix des services secrets américains a "démissionné" au cours d'une mission où étaient en jeu des vies humaines. Et la voilà quelques mois plus tard, à la tête d'une opération iranienne pour faire exploser une centrale nucléaire française... Son mari, docteur dans l'humanitaire, qui l'a perdue depuis sa désertion, apprend qu'elle veut renouer avec lui. Il la retrouve alors à Londres au moment même où elle fait exploser un convoi de dignitaires russes...
Les fils de l'intrigue, entre les magouilles des services spéciaux, la trajectoire de la jeune femme, les démêlés du docteur qui veut retrouver sa femme et prouver son innocence, et l'enquête de la police anglaise sur la mystérieuse mort d'un lord anglais, vont se rejoindre, virevolter, se recomposer sans cesse pour constituer un ouvrage sans temps morts.
Christopher Reich multiplie les tendances paranoïaques de ces personnages, les communiquant au lecteur qui se pose même des questions sur l'innocent personnage central, ce docteur dépassé par les événements mais qui finalement arrive à se jouer des maitres espions qui l'entourent, n'hésitant pas à blesser sciemment quelqu'un. Symboliquement, au milieu du roman, alors que le docteur se réfugie chez un ami, il croit découvrir que c'est justement cet ami qui l'a trahi, alors que la menace est ailleurs, proche mais ailleurs.
Les derniers chapitres de plus en plus courtes ressemblent aux pelures d'oignon, chacune en se laissant décortiquer, ouvre sur une autre vérité, une autre réalité, aussi insaisissable que les précédentes, mais où, simplement, planent l'idée que les plans des espions hautement machiavéliques sont effrayants de cynisme, baignant dans le sang de milliers d'inconnus, pour assouvir des soifs de pouvoir. De quoi renforcer les théories du complot gigogne et les paranoïas ambiantes.
Citation
De retour dans la chambre des parents, elle constata que Grégoire luttait pour se relever. Pas le temps de commettre la moindre erreur. Calmement, elle ferma la porte de la pièce et récupéra son pistolet.