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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Philippe Bonnet
Paris : Le Masque, janvier 2012
512 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3494-9
Coll. "Grands formats"
Actualités
- 11/01 Édition: Parutions de la semaine - 11 janvier
- 20/06 Édition: L'Archipel lance "Cœur noir"
Les éditions de L'Archipel aiment le thriller. Elles publient ainsi annuellement des auteurs à succès parmi lesquels on ne peut s'empêcher de citer James Patterson. Aussi est-il surprenant d'apprendre qu'elles se lancent dans le roman social historique en créant à la rentrée la collection "Cœur noir" sous la direction de Noël Simsolo en mêlant événements historiques du XXe siècle et fiction. Cela n'est pas sans rappeler d'ailleurs la collection "Polarchive" initiée par Gérard Streiff aux éditions Baleine au début des années 2000. Actualité oblige, c'est François Thomazeau qui sort la plume le premier avec Les Anneaux de la honte le 29 août. Il revient sur un événement qui a récemment inspiré Philip Kerr dans Hôtel Adlon, les jeux Olympiques de 1936 à Berlin en plein IIIe Reich. Il sera très vite suivi le 5 septembre par Maud Tabachnik avec Je pars demain pour une destination inconnue, qui tentera d'interpeller le lecteur sur le périple de l'Exodus en 1947. Quatre titres sont d'ores et déjà prévus en 2013 avec des auteurs et des sujets de qualité : Didier Daeninckx (la Corse en 1941), Noël Simsolo (Paris en 1944), Roger Facon (le suicide de Roger Salengro) et Michel Quint (la mort de Guillaume Apollinaire). on remarque que tous ces auteurs sont des habitués de la littérature noire et sociale. Qu'ils sont marqués par l'emprise de la mémoire. Heureusement cependant que Roger Facon et Michel Quint s'écartent des sentiers moult fois battus de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences. En attendant, la naissance d'une collection est une bonne nouvelle. Bien meilleure que celle d'un autodafé...
Liens : Les Anneaux de la honte |Je pars demain pour une destination inconnue |Philip Kerr |Didier Daeninckx |Roger Facon |Michel Quint |Maud Tabachnik |James Patterson |François Thomazeau |Gérard Streiff - 21/03 Librairie: Philip Kerr à Millepages
- 13/01 Édition: Parutions de la semaine - 13 janvier
Un détective plus rebelle que jamais !
Philip Kerr livre de nouvelles enquêtes de Bernhard Gunther dans une Allemagne qui sombre dans un nationalisme de plus en plus outrancier.
La République de Weimar a vécu et les nazis, vainqueurs, infiltrent toutes les structures. Ils appliquent leur politique et les lois relatives aux droits des étrangers sont de plus en plus nombreuses et restrictives.
Bernhard Gunther, qui n'a jamais caché son opinion vis-à-vis du régime nazi, a préféré prendre les devants et a quitté la Section Criminelle de l'Alexanderplatz. Parce qu'il faut bien vivre, il est devenu un des détectives de l'hôtel Adlon. Pour aider sa consœur, il intervient auprès d'un ancien collègue intégré dans la section juive de la Gestapo. Celui-ci lui fait part d'une lettre, dans son dossier, le dénonçant pour un grand parent juif. Bernie comprend qu'il ne pourra pas s'installer détective privé. Son ex-collègue l'oriente vers quelqu'un qui pourra l'aider à effacer ce sang juif.
À travers son héros, l'auteur détaille les mesures prises, le climat de suspicion, de peur, de délation, qui s'installe en Allemagne. Il montre, sans ambiguïté, que ce pays est gouverné par des repris de justice installés dans tous les rouages de l'État. Dans un instant de franchise, le flic conseille à Gunther d'engager son amie juive à quitter le pays, la situation va devenir encore plus critique.
La préparation des Jeux olympiques de 1936 attire une faune mafieuse qui grenouille autour des chantiers à réaliser. L'hôtel Adlon accueille l'un de ceux-ci, un Américano-Allemand. Alors qu'aux USA un mouvement prône le boycott des Jeux, des membres du comité américain sont venus pour évaluer la situation. Pour acheter le responsable de la délégation, des œuvres d'art léguées par un collectionneur juif, sont prises dans des musées. Ces œuvres étaient contaminées d'un point de vue racial.
Dans ce climat délétère, Gunther tente de sauvegarder son honneur et fait figure d'opposant. Parce que son ancien patron veut qu'il assiste son neveu, nouveau venu dans la police, sans compétences, mais bon nazi, Bernie découvre le meurtre d'un ancien boxeur. Ce crime lui servira de point d'ancrage quand sa patronne, Hedda Adlon, lui demande d'aider Nooren, une journaliste américaine qui veut prouver l'antisémitisme du régime et soutenir le boycott. L'affaire se corse lorsque Bernie fait le lien avec la mort d'un entrepreneur dans une des chambres de l'Adlon...
Philip Kerr continue d'explorer l'Allemagne des années 1930. Il dresse le tableau sombre d'un pays qui s'enfonce dans un climat despotique. Il relève les inepties, les bêtises proférées par les Nazis pour justifier leur position.
Il peuple son récit de personnages campés avec une grande vérité, que ce soit dans les registres de l'honneur ou de l'abjection. Il brosse un tableau saisissant de cette période, prenant en compte nombre des situations et des composantes de cette époque. Bernie, son enquêteur fétiche reste fidèle à lui-même, sorte de Don Quichotte au service de sa propre fierté, de sa propre conscience, de sa propre morale.
Philip Kerr a le chic pour illustrer ses propos, dialogues ou descriptions, d'images novatrices, d'une grande pertinence et met, malgré l'atmosphère délétère, beaucoup d'humour dans les échanges entre les personnages.
Hôtel Adlon est un nouvel épisode brillant des aventures de Gunther dans l'Allemagne des années 1930, avec un prolongement dans La Havane des années 1950. Un livre qui se situe dans la meilleure tradition du roman noir.
Citation
Vous n'avez absolument aucun sens de la servilité. Ce qui vous rend inapte à l'industrie hôtelière. Je me demande comment Louis Adlon a bien pu vous embaucher. Vous êtes une brute. Et vous le serez toujours.