Les Fleurs de l'ombre

Il se regarda dans la glace et vit ce que voyait les autres : un type qui partait tous les jours au travail, qui s'occupait de sa famille, qui ne gagnerait jamais des mille et des cents, et s'éteindrait un beau jour sans laisser d'empreinte significative.
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Roman - Thriller

Les Fleurs de l'ombre

Tueur en série - Enquête littéraire MAJ lundi 16 janvier 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Steve Mosby
Black Flowers - 2011
Traduit de l'anglais par Laura Derajinski
Paris : Sonatine, janvier 2012
356 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-35584-106-4

Balancier hypnotisant

Dans un thriller traditionnel, s'il est question de tueur en série, l'on commence par la disparition d'une personne, puis l'on assiste à la course contre la montre pour essayer de la libérer du monstre avant que son destin ne soit définitivement scellé. Steve Mosby décide d'inverser les rôles, et c'est ainsi que dans son dernier roman, Les Fleurs de l'ombre, ce n'est pas une disparition qui est mystérieuse mais, bien au contraire, l'apparition soudaine sur une jetée balnéaire d'une petite fille. Elle est incapable de dire d'où elle vient, et personne ne la réclame. Un policier comprend vite qu'elle est la fille d'un tueur en série qui maltraite aussi sa famille, et qu'elle a fui. Mais il ne pourra jamais retrouver "le coupable".
Steve Mosby ne se contente pas de cette strate qui, pourtant, aurait pu, à elle seule offrir un développement intéressant. Mais il va enchâsser son histoire sur plusieurs niveaux car un romancier a fouillé dans l'histoire de la petite fille et en a fait un thriller dans lequel ses intuitions sur le crime et ses à-côtés se sont révélées étonnamment proches de la réalité. Des années plus tard, alors qu'il a disparu, un autre écrivain décide lui aussi de suivre les traces de son alter ego avant d'être découvert mort. Le fils de ce dernier venait de lui envoyer le premier jet d'une nouvelle autour de son refus de la paternité. Le tueur en série l'a lu et est venu kidnapper la femme du jeune homme...

Cette intrigue complexe est aussi une puissante réflexion sur le pouvoir de l'écriture car si le "mythe" du tueur en série fascine, l'assassin est lui même fasciné par le roman dont il cherche à recréer des éléments. Plutôt que de construire son histoire de manière linéaire, Steve Mosby joue à ce jeu de reflets entre le passé, l'enquête présente, les recherches du fils pour retrouver les traces de son père (une enquête sur les sources de l'œuvre romanesque elle même) et par delà l'endroit où est cachée sa compagne. Le tout sans oublier Anna Price, l'enquêtrice actuelle qui en, renouant les fils de son investigation avec les drames passés soulève de bien douloureux secrets familiaux.
En jouant de manière symphonique sur ce jeu de correspondances entre passé ancien, passé récent et présent, entre réalité et reflet romanesque (des extraits même du premier roman sont insérés dans le corps du texte, sans compter la pirouette finale), entre les trajectoires des personnages (la police, les écrivains, les victimes), en dosant à quelques pages la description de l'insoutenable (dans une sorte de vision poétique où finalement le tueur se réclame d'une démarche artistique et divine) pour distiller l'angoisse, par les non-dits et l'imaginaire du lecteur, Steve Mosby réussit la gageure de s'insérer dans un genre convenu pour lui insuffler une force nouvelle.


On en parle : Alibis n°43

Citation

Alors le mec sur les pages de mon histoire pouvait déborder d'un mépris idiot et puéril à ma place, et je pouvais ainsi continuer à être un compagnon attentionné, une personne correcte.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 06 janvier 2012
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