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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Frédéric Grellier
Paris : Le Seuil, octobre 2011
366 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-101250-7
Coll. "Policiers"
Détectives fatigués
Anderson est en prison totalement démoralisé au point de songer au suicide. Mais alors qu'il va passer à l'acte, un silence total se fait dans les cellules ce qui lui permet de se livrer à une introspection qui le transforme. À sa sortie, il accepte un programme de réinsertion dont la responsable initiale et son mari ont disparu, ce qui a pour don de l'interpeler et de vouloir en savoir plus.
L'intrigue de Une heure de silence joue sur le présent de l'enquête et les retours en arrière car la disparition du couple est ancienne. L'enquête s'incarne à travers des personnages qui sont en proie au doute. Tout d'abord, un agent du FBI, à la retraite, qui a conservé tous ses dossiers et aimerait impliquer un mafieux qu'il pourchasse depuis des années dans la disparition. Ensuite un détective qui a enquêté sur cette même disparition sans rien y trouver d'autre que la ruine de sa réputation et qui veut reprendre l'enquête.
La découverte du corps du mari relance l'histoire et deux détectives sont contactés pour en savoir plus. Lincoln Perry, le personnage récurrent de cette série, oscille entre la volonté de savoir et ses envies d'arrêter, de s'éloigner de cette violence qui le contamine et de renouer avec sa compagne car les dossiers passent souvent avant elle, et dans une enquête précédente elle a failli perdre la vie. Son associé, lui, s'est quasiment retiré des affaires pour savourer une liaison avec une universitaire en Floride.
Beaucoup de vague à l'âme, de fausses pistes, d'heures d'attente pour décrire un quotidien complexe. Au centre de l'histoire, la maison isolée où les expériences de réinsertion avaient lieu. Un bâtiment qui tombe en ruines à l'entrée duquel quelqu'un a laissé une épitaphe aux jours heureux. Car tout tourne bien autour de cette idée d'un passé plus simple, d'un moment de grâce qui a disparu. L'ensemble des personnages courent après un instant de bonheur qui a fui et cherchent à le reconstruire, même s'il faut en mourir.
Au final, Michael Koryta offre une solution qui accentue le côté un peu mélancolique, le goût amer qui montre que tout aurait pu être évité, que la vie aurait pu être autre et plus heureuse. Mais s'il distille cette sensation, c'est avant tout au sein d'une intrigue solide et sérieuse, avec développement de personnages crédibles. Perry a lui aussi son instant (forcé) d'introspection, son moment où, dans le tumulte bruyant de la vie, il se trouve dans l'œil du cyclone, dans l'heure du silence où l'on peut se découvrir ou se retrouver. Une heure de silence est roman solide, académique et bien charpenté.
Citation
Comprends bien une chose, Lincoln : il existe un tas de tunnels et chacun creuse pour soi.