Autogenèse

Je reste assis à mon bureau pendant une longue minute de silence, posant mon regard indéfinissable sur les deux cadavres étendus à mes pieds, et je n'arrive pas à m'expliquer si c'est un regard plus pitoyable que haineux, certainement inquiet en raison des conséquences fâcheuses que mon acte va entraîner d'une manière inévitable.
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Roman - Noir

Autogenèse

Politique - Anticipation MAJ mercredi 11 janvier 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Erwan Larher
Paris : Michalon, janvier 2012
462 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-84186-593-2

Politique fiction

Récemment, deux romans, Le Bloc de Jérôme Leroy et Préparer l'enfer, de Thierry Di Rollo, ont provoqué quelques réactions dans le Landernau littéraire car les deux auteurs essayaient de jouer la corde du roman dit de politique-fiction pour présenter un avenir sombre et probable pour la France. Erwan Larher se livre au même exercice, mais plutôt que de jouer sur la noirceur, il décide d'user de la parabole et, du coup, même s'il s'apparente parfois à la fable son récit n'en est que plus réaliste.

Un homme (il se nommera Ikéa) se réveille seul dans une maison abandonnée. Amnésique, il va sortir et se confronter au monde qui ici est une France contemporaine où le pouvoir central se prépare aux élections en favorisant les riches, en manipulant les médias et où les sans-papiers se retrouvent dans des camps de travail pour nettoyer les centrales nucléaires. Il va traverser de nombreuses épreuves, sans se départir de sa naïveté, questionnant sans relâche ce monde qu'il ne comprend pas et qui nous semble si évident.
Derrière la parabole, le suspense est maintenu par une intrigue savamment dosée qui laisse aussi le lecteur se poser de multiples questions : quel groupe mystérieux a engagé une garde du corps pour le protéger ? Pourquoi les deux journalistes que tout oppose dans le roman, Patrick et Rob (décalque peut-être de PPDA et Denis Robert), sont-ils si semblables physiquement ? Quels sont les liens entre le personnage central et Jessica, une jeune femme qui est en train d'écrire un roman qu'Ikéa a aperçu achevé dans la maison où il s'est réveillé ?

Même si certains indices laissent envisager la fin, Erwan Larher mène son intrigue avec justesse, parvenant à rendre transparent notre monde sans en faire un simple décalque de celui d'aujourd'hui. On le sent proche, on voit les allusions, mais tout n'est pas aussi net, comme pour répondre à l'adage freudien : "l'inquiétante familiarité". Autogenèse se situe à la limite des genres entre roman noir, descriptions sociale, récit politique, texte initiatique et fable religieuse, tout en pouvant aussi captiver les lecteurs qui ne jurent que par la littérature blanche et immaculée. Il maitrise son récit et confirme ainsi tout le bien que k-libre pensait déjà de Qu'avez-vous fait de moi ?, son premier opus.

Citation

Désolé de quoi la machette décrit une parabole (mourir, déjà ?) qui s'achève prématurément pas le temps de crier à peine de réaliser le corps de Bonaventure tressaute comiquement comme sous d'invisibles impacts avant de s'affaler au ralenti.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 11 janvier 2012
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