Contenu
Meurtre aux poissons rouges
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Paris : Fleuve noir, novembre 2011
150 p. ;
ISBN 978-2-265-09295-2
Héros et jeux d'écriture
Les écrivains de romans policiers ont souvent formé des groupes pour des raisons "syndicales". Habitués à trainer dans les festivals et en bandes, ils ont aussi développé une forme littéraire particulière qui consiste en l'écriture alternée : chacun écrit un chapitre et refile le bébé au suivant. La Forêt de marbre de Théo Durrant est l'un des titres les plus connus du principe, et plus récemment Frédéric Dard y a participé avec quelques auteurs de littérature blanche soucieux de s'encanailler.
Les générations d'auteurs italiens se rencontrent égalemen dans les festivals et l'idée est venue de croiser le fer entre deux générations de policiers, cette fois. D'un côté, Montalbano, le commissaire du Sud, toujours un peu borderline et créature du Andrea Camilleri, et de l'autre une policière atypique, fonceuse, Grazia Negro, peut-être moins connue des Français, mais tout aussi efficace et femme spirituelle de Carlo Lucarelli.
Comme ce genre d'histoire est un jeu (renforcé par les typographies et les styles différents - on passe d'un rapport de police à une lettre puis à un dossier et enfin à des photos), il convient d'asseoir l'intrigue sur cette thématique, d'autant plus que très vite chaque auteur essaie à la fin de son chapitre de piéger son successeur et que la fantaisie apparaît vite. Aussi l'histoire elle-même vogue dans une joyeuse anarchie où les morts ont des poissons rouges dans la bouche, pendant que les informations circulent à travers des cannelloni et que les policiers se perdent dans les trains, sans espoir de retour à leur ville de départ. Au début, il y a le corps de cet homme retrouvé la tête dans un sac en plastique dans sa cuisine, deux petits poisdsons rouges à ses pieds. De quoi faire une très bonne intrigue pour l'un et l'autre de nos romanciers. Mais si tout débute à Bologne, la victime, elle, est originaire de Vigàta. Le lien entre les deux romanciers est alors tout trouvé. L'un de leurs personnages demandera de l'aide à l'autre pendant que les deux compères entameront leur joute ludique d'écriture.
Ce jeu joyeux de l'écriture à deux, cette complicité entre deux générations d'auteurs se ressent dans le style débridé de Meurtre aux poissons rouges avec ce plaisir d'écriture qui se transmet au lecteur au sein d'une intrigue amorale, à l'instar des deux personnages qui luttent contre les puissants et la police secrète en utilisant des ruses de sioux.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°45
Citation
J'hésite beaucoup à te donner un coup de main, car tu me parais du genre à chercher les ennuis. Et les ennuis c'est contagieux.