Contenu
Jim Thompson : le polar dans la peau
Grand format
Inédit
Tout public
Rennes : Vivement lundi !, janvier 2012
couleur ;
Coll. "À contre-temps"
Actualités
- 21/02 Télévision: Soirée Jim Thompson sur Ciné+
La chaine de télévision Ciné+ club propose une soirée dédiée au romancier Jim Thompson le mardi 26 février. Une triple programmation articulée autour de deux films, The Killer inside me, de Michael Winterbottom, et Les Arnaqueurs, de Stephen Frears. S'intercale entre ces deux films le documentaire dont nous avons déjà parlé en ces pages, Jim Thompson, le polar dans la peau, réalisé par Richard Hamon. L'on ne peut que se féliciter d'une telle soirée même si elle a lieu sur une chaine cryptée, et ne pas s'empêcher de vous conseiller les excellentes rééditions aux éditions Rivages de deux romans initiateurs d'une intégrale de l'œuvre, L'Assassin qui est en moi (qui a donc donné l'adaptation de Michael Winterbottom) et L'Échappée. Deux romans foncièrement différents mais qui sont symptomatiques d'un homme attiré par les souffrances des hommes. Pour l'heure, si vous avez accès à Ciné+ club, ne manquez pas cette soirée. Sinon, il vous reste la location à la demande ou de DVD, la lecture des romans et le DVD du documentaire qui est en vente sur le site de Vivement lundi !
Soirée Jim Thompson sur Ciné+ mardi 26 février :m
- 20 h 45 : The Killer Inside Me
- 22 h 30 : Jim Thompson, le polar dans la peau
- 23 h 25 : Les Arnaqueurs
Liens : L'Assassin qui est en moi |L'Échappée |Jim Thompson |Richard Hamon
Voyage au bout de l'horreur
Assurément, Jim Thompson est l'un des plus grands romanciers américains du XXe siècle. L'un des plus noirs, l'un des plus tristes, l'une des plus tortueux. Sa façon qu'il a de décortiquer l'âme est toute slave. Pour un peu, l'on pourrait penser qu'il y a une filiation génétique entre Dostoïevski et Thompson. Richard Hamon vient de réaliser un documentaire de 53 minutes sur cet auteur étonnant dont la renommée outre-Atlantique dut attendre l'hommage des réalisateurs français de la nouvelle vague et, surtout, le talent de défricheur de... talents de Georges Duhamel, alors directeur de la prestigieuse "Série noire" gallimardienne pour faire surface.
Dans Jim Thompson : le polar dans la peau, Richard Hamon nous transbahute en Oklahoma à Anadarko sur les traces d'un écrivain peut-être plus torturé par les autres que par lui-même mais qui porte leurs stigmates. Une réalisation à la fois sobre et imaginative associée à de nombreux extraits de films, de témoignages et d'iconographie permet d'un peu mieux cerner l'homme. N'y allons pas par quatre chemins : nous naviguons dans le rêve américain en même temps que dans le cauchemar tout climatisé de Thompson, comme aurait pu le nommer Henry Miller.
Aujourd'hui encore, nombre d'entre nous connaissent Jim Thompson à travers les adaptations cinématographiques de ses romans. Série noire (Alain Corneau), The Killer inside me (Michael Winterbottom), Coup de torchon (Bertrand Tavernier), Guet-apens (Sam Peckinpah) : autant de résonances. François Guérif, éditeur fondateur de Rivages, qui a publié de nombreux romans de Jim Thompson, raconte comment il est fasciné par un homme dont les héros sont à la fois meurtris moralement et physiquement. Bertrand Tavernier parle même de mutilations émotionnelles et physiques lorsqu'il s'émeut des chocs littéraires qu'a réussi à produire le très prolifique Thompson.
Il est dit à un moment qu'en vingt-deux mois il écrit onze romans ! Et tous d'excellente facture. Plus tard, la source se tarit : il n'écrit qu'un roman par an... Guérif de relater une anecdote de Stephen King dans une de ses préfaces à un roman de Jim Thompson en n'ouvrant pas les guillemets puisque de mémoire : à un moment de l'horreur, je m'arrête pour ne pas dérouter mes lecteurs. Jim Thompson n'a, lui, pas cette peur et va au bout de l'horreur.
Et c'est peut-être la cause d'une renommée américaine somme toute famélique d'un auteur qui toucha sans appréhension de la bouteille et de la machine à écrire.
À la fois road movie, book movie et film movie, Jim Thompson : le polar dans la peau, trop court documentaire, ne donne qu'une seule double envie, celle de (re)lire Jim Thompson et de (re)voir les films inspirés de son &olig;euvre. Nul doute que c'était le souhait principal de Richard Hamon lorsqu'il a commencé ce documentaire. Bien lui en a pris de le mener jusqu'au bout !
NdR - Jim Thompson : le polar dans la peau : 53 min. réalisé par Richard Hamon. Image : Richard Hamon & Fabrice Richard. Son : Jim Tanenbaum, Francisco Latorre & Patrick Rocher. Fixing : Brigitte Bollé. Montage : Grégory Nieuviarts. Documentaliste : Valérie Combard. Produit par Jean-François Le Corre.
Le DVD du documentaire est en vente sur le site de Vivement lundi !
Illustration intérieure
Portrait de Jim Thompson. © Collection Sharon Thompson Lee.
On en parle : L'Indic n°11
Citation
Il y a de fortes connexions entre quelqu'un comme Jim Thompson et Céline. Ce sont des gens qui écrivent aux limites de ce qui peut être dit, observé et raconté.