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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par François Maspero
Paris : Le Seuil, septembre 2011
768 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-02-102948-2
Coll. "Cadre vert"
Une intrigue énigmatique et ténébreuse.
Dans Cadix assiégée par les troupes françaises de Napoléon Ier, plusieurs destins se croisent alors qu'un assassin poursuit son incompréhensible œuvre de mort. Un livre inspiré qui se situe entre roman et grande Histoire.
Arturo Pérez-Reverte brosse une fresque sur un échiquier imaginaire de la ville. Il mène son histoire comme une partie d'échecs, mettant en scène ses personnages selon des stratégies d'attaque ou d'attente, de combat ou d'escarmouche, de ruse ou d'artifice.
Un criminel rapproche des points d'impact de bombes et des jeunes filles tuées à coups de fouet. Pour le traquer, Rogelio Tizón Peñasco, le commissaire chargé des Quartiers, Vagabonds et Étrangers de passage. Pour lui, la fin justifie les moyens. Il dispute, souvent à son désavantage, des parties d'échecs avec le professeur Barull qui dirige la société scientifique gaditane.
Simon Desfosseux, capitaine artilleur chargé de bombarder la ville, ne dispose que de matériels à la portée insuffisante ou des bombes qui n'explosent que rarement. Pour lui, la guerre se résume à des équations, des courbes, des trajectoires et des charges adéquates.
Lolita Palma est l'héritière d'une florissante entreprise de commerce maritime qu'elle dirige seule, depuis la mort de son père et de son frère. Emilio Sanchez Guinea, un négociant sexagénaire fait des affaires avec Lolita. Après nombre de circonvolutions verbales, il lui proposer d'armer, en association, un navire corsaire dirigé par José Lobo, le capitaine qui vient de rentrer à Cadix en échappant à un vaisseau pirate français.
Gregorio Fumagal, un taxidermiste, possède un plan de Cadix sillonné de lignes au crayon.
Arturo Pérez-Reverte propose une galerie étoffée de personnages, tant principaux que secondaires aux caractères recherchés, fouillés, aux tempéraments étudiés. Il dissèque les comportements et mène des personnages à un état obsessionnel presque ultime.
Il dépeint, avec un incomparable talent, une cité en proie aux affaires, à la guerre, et assujettie, comme de tous temps et en tous lieux, à : "... des prêtres fanatiques, des aristocrates corrompus, des rois dégénérés et incapables."
Il croise son intrigue de multiples sous-intrigues et nourrit son roman de précisions attractives sur la taxidermie, la botanique, le commerce maritime, le monopole avec les Amériques, la navigation à voile, l'Ajax de Sophocle, une opinion tranchée sur les Anglais... Il consacre une large part, fourmillante de détails éclairés et captivants, à l'art de l'artillerie de cette époque. Il réussit à créer une tension forte, à faire embrasser la cause de ce capitaine dans ses tentatives pour atteindre le centre de Cadix. Il illustre aussi les positions de l'état-major alors que l'artilleur tente de les convaincre : "Si l'empereur dit que nous devons nous servir d'obusiers, on s'en sert et on la ferme."
Il peint la mentalité, les mœurs, il décrit les activités d'une classe commerçante dans une ville ouverte à tous les trafics.
Cadix, ou la diagonale du fou se lit avec un intérêt qui va croissant tant l'auteur excelle dans l'art de la narration et dans celui de faire monter la pression d'intrigues retorses.
Citation
Dans son monde de soldat de métier, tout individu qui refuse une promotion ne peut être que suspect. Il est en contradiction avec l'esprit qui anime les vétérans de l'Empire : monter en grade et en honneurs, depuis le rang de simple soldat jusqu'à ce que l'on soit en mesure... de piller les terres, les villages et les villes placés sous son commandement et d'envoyer le butin chez soi, en France.