Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Jean-René Dastugue
Rodez : Le Rouergue, janvier 2012
300 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-8126-0312-9
Coll. "Noir"
Le poids des morts
La généalogie est devenue pour beaucoup un hobby, une passion qui a connu un développement spectaculaire avec l'arrivée d'Internet facilitant nombre de recherches. Les envies sont multiples : débusquer l'ancêtre important, trouver le lieu géographique berceau d'une famille... Mais au jeu de remonter les générations, des histoires de famille bien enfouis peuvent ressortir. Si Dan Waddell n'avait pas eu l'envie de découvrir ses origines en tombant sur un secret de famille, l'idée de ce livre ne lui serait sans doute pas venue, comme quoi le passé peu impacter le présent.
Katie Drake est une actrice anglaise désormais un peu oubliée mais bien malgré elle son nom va faire son retour à la Une des journaux. Le clap de fin vient de résonner irrévocablement pour elle. Elle est retrouvée sauvagement assassinée dans sa maison ; elle a été étranglée dans son lit puis traînée jusque dans son jardin pour y être égorgée. L'inspecteur Grant Foster ne pouvait espérer mieux pour remettre le pied à l'étrier. C'est son grand retour sur le terrain après un long arrêt maladie ; il avait été grièvement blessé lors d'une traque à l'homme particulièrement violente. Aux vues des premières constatations, cette nouvelle affaire pourrait bien se révéler encore plus complexe. En effet il ne trouve aucune trace de la fille de la victime. Elle se prénomme Linda et est âgée de quatorze ans. Le seul véritable indice est un cheveu trouvé par les équipes techniques sur le corps de la défunte. Le plus surprenant va ressortir des analyses comparatives ADN. Il existe un lien entre Katie Drake et son meurtrier, une parenté pas réellement proche mais plutôt par le biais d'une lointaine descendance. C'est face à cette énigme que Foster va décider d'appeler à la rescousse Nigel Barnes avec lequel il a déjà collaboré sur une précédente affaire. Grâce à ce coup de main donné à la police, Nigel Barnes est maintenant un généalogiste assez reconnu pour que la télévision ait envie de lui confier des émissions. Barnes va donc se plonger dans l'arbre familial de Katie. Il réussit à remonter du côté de la branche maternelle jusqu'en 1891. Au-delà les recherches semblent ardues et vont orienter les pistes sur un autre pays. L'autre découverte de taille du persévérant généalogiste est qu'une doctrine religieuse pourrait avoir un lien avec l'affaire. Le souci est que ces croyants à l'extrême ferveur n'ont pas du tout l'envie d'ouvrir les portes de leurs secrets bien gardés à un étranger. Mais en Angleterre le temps presse, d'autres vies pourraient être menacées.
Depuis le temps de vos pères est la seconde enquête du tandem Foster-Barnes. C'est un duo intéressant d'un nouveau genre que met en avant Dan Waddell. Il y a Foster, bon flic de terrain, à peine remis d'une épouvantable affaire, personnage certes assez habituel de roman policier. La nouveauté est surtout apportée par le personnage de Nigel Barnes et sa profession de généalogiste. Du fait de son métier-passion, il se plonge au cœur d'archives abandonnées depuis longtemps pour faire ressurgir de vieux drames, voire pire pour éclairer le présent tourmenté. La généalogie vient ici compléter les nouvelles techniques d'investigation, l'étude du passé donne un coup de main aux plus modernes analyses ADN. Waddell réussit parfaitement à faire intégrer les deux univers et les faire cohabiter. Il sait le faire en donnant aussi suffisamment d'étoffes à ses personnages principaux pour que ce soit vraiment une enquête qui ne cesse de rebondir et de progresser par le biais de plusieurs sources d'éclairages. Le plus dans son roman est d'intégrer savamment en toile de fond une religion avec un fort fondamentalisme et un dogmatisme très marqué. L'histoire gagne encore ainsi énormément en profondeur. Waddell montre que ce n'est pas toujours évident de s'efforcer de faire table rase du passé même lointain, ni de se débarrasser de croyances fortement ancrées depuis des générations surtout si le fanatisme est de la partie comme à jamais inscrit dans les gênes.
Citation
Les morts ne parlent pas, nous apprend le dicton. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. Les morts nous parlent de bien des façons. Et si nous ignorons leurs voix, c'est à nos risques et périls. C'est une erreur grossière de penser que nous n'avons rien à apprendre de ceux qui nous ont précédés. Nous avons juste à apprendre à les écouter.