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Poche
Réédition
Tout public
Imprécateur hollywoodien
Il y a un point de départ particulièrement alléchant pour Manipulé, premier roman de Laurent Terry. John Helling est un citoyen ordinaire juste atteint d'une maladie rare nécessitant des séjours réguliers à l'hôpital. Or, un jour, en répondant à un jeu télévisé, il constate qu'il a un Q.I. stratosphérique... Or la CIA s'intéresse de près à cette découverte : à son insu, John est sous surveillance constante. Cela a-t-il un rapport avec ce "syndrome" rarissime dont il est atteint, justifiant des séjours réguliers à l'hôpital ? Un postulat qui mène Helling à s'apercevoir que tout ce qu'il croit être son identité n'est qu'une illusion, ce qui rappelle l'excellent La Cinquième profession de David Morrell. La suite introduit un changement de protagoniste en se focalisant sur Téa, une femme-flic enquêtant sur une série de meurtres : une transition un rien abrupte — et comme dans tout thriller à l'américaine, notre héroïne est présentée en pleine action —, qui a au moins l'avantage de sortir d'une trame prévisible. On s'en doute, les deux intrigues ne tardent pas à se télescoper alors que nos deux héros découvrent une conspiration au plus haut niveau de l'État, et la suite reprend la structure hollywoodienne de la course-poursuite où il s'agit de faire éclater la vérité tout en ayant des agents aux trousses. On pourrait avoir affaire à un simple thriller industriel plutôt bien écrit qu'on dévore pour l'oublier aussitôt s'il n'y avait deux éléments qui le différencient du tout venant : d'abord l'évidente sincérité de l'auteur, ensuite un humour cynique, parfois féroce, qui rappelle parfois le classique L'Imprécateur. Maintenant qu'il est en poche, pourquoi bouder son plaisir ?
Citation
La réputation d'enfant de salaud qui poursuivait le directeur Bradburry n'était plus à faire. En poste depuis plus longtemps que n'importe quel autre agent, il avait dézingué tellement de jeunes recrues pour des broutilles qu'aucun gars ne voulait plus bosser pour lui.