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Grand format
Réédition
Tout public
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, janvier 2012
Zone 2 ; noir & blanc ; 19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Huis clos enneigé
Les Bannis de la sierra est un huis-clos noir comme on les aime avec une maison isolée, une tempête de neige, des hommes et des femmes réunis car exclus d'une ville soucieuse soudainement de ses bonnes mœurs, et l'irruption d'un homme violent et forcément dangereux.
Tout débute avec un long travelling silencieux de cinq bonnes minutes. Le temps d'accompagner trois hommes vers la banque qu'ils vont braquer. Nous sommes à Poker Flat. Leur progression prend le temps de s'attarder sur tous les vices de la ville au son de la musique de saloon : il y a un ivrogne qui tombe raide mort et se fait chourer sa bouteille de gnôle par un autre, une prostituée qui enjambe précautionneusement les rues boueuses un peu comme la fange de la société, un joueur invétéré qui gagne effrontément. Le braquage tourne mal et se termine dans un bain de sang. Deux des bandits trouvent la mort. Le troisième s'enfuit. C'est le moment choisi par la ville pour se forger conscience et moralité. Elle rejette illico un ivrogne, un joueur, deux femmes de mauvaise vie non sans leur donner à chacun un cheval. Le passage d'un col sous la tempête les force à s'abriter dans une maison isolée...
La suite est un huis-clos sans grandes surprise sauf qu'il y a quelques belles ingéniosités qui valent le détour. Tout d'abord, une cheminée double aux pierres branlantes. Le joueur va être obligé de "sceller" les pierres en enfonçant son colt (qui sera on le devine très important plus tard), et surtout le final est d'une violence surprenante. On s'attend à un règlement de compte typique des westerns avec musique tendue, regards et dégainage rapide avant le coup de grâce. Ici, Joseph M. Newman utilise la neige (principe déjà utilisé pour le colt précité brûlant que le joueur recouvre de neige avant d'y glisser les cartouches) dans un combat à mains nues.
Rien de bien extraordinaire pour un film en noir et blanc à une époque où l'on privilégie la couleur si ce n'est en effet que la tension sourde met en valeur les relations humaines, les combats intérieurs et la très grande classe de Dale Robertson ("Je ne vous comprends pas." "Sans doute parce que je suis un joueur, pas un bandit.") Au final, un film très plaisant que l'on s'empressera de revoir.
Les Bannis de la sierra (81 min.) : réalisé par Joseph M. Newman avec Dale Robertson, Anne Baxter, Cameron Mitchell, Craig Hill...
Bonus. Présentation de Patrick Brion. Galerie de photos.
Citation
- Je pensais que les joueurs étaient tous des gentlemen.
- Ils sont avant tout des joueurs.