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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aurélie Tronchet
Paris : Calmann-Lévy, février 2012
320 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4282-0
Coll. "Robert Pépin présente"
Marlowe-sur-Clyde
Une ville ou un pays peut être connu par ces baisers : il y a le baiser à la russe ou le baiser à la française qui révèlent des comportements amicaux ou amoureux particuliers. Mais le baiser de Glasgow est différent car il consiste en fait en un coup de boule particulièrement vicieux. Tout de suite le décor est planté, et le côté noir du roman est affirmé. Dès les premières lignes du Baiser de Glasgow, le cynisme et la violence sont renforcés par la narration à la première personne où Lennox, le détective canadien, échoué après la Deuxième Guerre mondiale en cette bonne ville de Glasgow évoque ses amours d'un soir.
De fait dans cette nouvelle aventure, le détective qui navigue dans les milieux interlopes de la ville et doit composer entre trois chefs (les trois rois) de gangs locaux qui se partagent le gâteau, et une police bas de plafond, doit enquêter sur deux fronts. D'une part, la mort d'un bookmaker dans des circonstances mystérieuses hypothétiquement liée à un boxeur, vedette montante du circuit, vedette dans laquelle les Trois rois auraient investie. D'autre part, la disparition d'un petit marlou, frère d'une chanteuse. Lennox s'inquiète lorsqu'il lui semble que les deux affaires sont peut-être liées, et surtout le conduisent vers un dangereux John Largo, un patron de la mafia internationale venu à Glasgow pour de biens étranges raisons.
Craig Russell inscrit son héros dans la tradition du privé intrépide, sans attache, cynique mais loyal. Mais Lennox n'est pas engoncé dans son habit, et il possède ses propres caractéristiques qui le rendent attachant. S'il est fidèle et doit louvoyer pour ne pas prendre de coups de ses commanditaires, il est aussi intelligent, a quelques moments de "faiblesse" - il a une relation trouble avec sa logeuse, il a pris sous son aile un jeune ouvrier, il comprend John Largo, il peut être jaloux. Il rend la justice lui-même ou la délègue à certaines des victimes.
Sans être pesant, il s'inscrit, par quelques références sympathiques à la tradition du genre : petits marlous qui se font tuer parce qu'ils ont eu les yeux plus gros que le ventre, femmes fatales, policiers obtus, statuettes mystérieuses que tous veulent posséder, etc. Mais ce sont des clins d'œil pour lecteurs avertis. Il reconstitue ainsi la noirceur mythique des polars des années 1950 (d'ailleurs c'est l'époque du roman) en actualisant ses personnages (leurs motivations, les pulsions sexuelles, la violence) et transcrit quelques scènes qui s'impriment dans le cerveau (notamment des visites dans les camps gitans) pour offrir un deuxième volet qui confirme les ambitions du premier - Lennox.
Citation
Si je peux me permettre de dire une chose concernant vos menaces voilées, commissaire... je n'y vois que des menaces et pas de voiles.