Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Olivier Hamilton
Paris : Rivages, mars 2012
240 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2323-4
Coll. "Noir", 860
Actualités
Mélancolie et violence argentines
On avait quitté en 2009 le policier Perro Lascano baignant dans une mare de sang dans une rue de Buenos Aires à la fin de L'Aiguille dans une botte de foin, premier roman très sombre de l'Argentin Ernesto Mallo. C'est donc une grande surprise de le voir ressusciter plus de deux ans après tel Lazare. Mais Lazare fait bien les choses, et la tonalité de ce nouveau roman qu'est Un voyou argentin est bien plus mélancolique que noire. Comme si Ernesto Mallo avait ressenti le besoin après L'Aiguille dans une botte de foin de relâcher quelque peu la pression anxiogène qu'il nous avait, certes avec talent, infligé.
Il reprend le même mode narratif. Des dialogues en italique qui se suivent et peuvent perturber la lecture. Mais le rythme est là, à la fois incisif et onirique. Buenos Aires, ville de passion, tente de se sortir des griffes des militaires qui avaient jusque-là maîtrisé tous les rackets possibles et imaginables. C'est sans compter sur les différents services de police qui entendent bien se nourrir sur la peau du mort. Et comme pour illustrer tout ça, le moribond c'est Perro Lascano, qui pourtant n'a qu'une idée en tête : retrouver Eva, réincarnation de son amour perdu, et qui l'a abandonné à la fin de L'Aiguille dans la botte de foin. Seulement voilà : il faut bien se faire des amis. Et il devient détective privé chargé de retrouver "Topo" Miranda qui, tout juste sorti de prison, a commis un braquage sanglant, et récupéré un petit pactole non crédité par la banque. L'argent sale, quand il est remis par des mains propres est toujours moins sale.
Comme dans sa première aventure, il y a ici et là quelques corps identifiés dont le coupable affiché est innocent. Il y a surtout cette mélodie aigre-douce tirée d'une démocratie plus que balbutiante asphyxiée par son histoire dictatoriale. Ernesto Mallo ne se prive pas d'images ironiques et caustiques, de propos virulents - on sait comment l'auteur tient en odeur de sainteté l'Église -, de créer des situations absurdes afin de montrer la corruption qui gangrène son pays. Au milieu de tout ça, il égrène quelques petites touches humaines, il peint les relations troubles et conflictuelles entre ses personnages. Le roman fait à peine 240 pages, et se lit d'une traite. C'est à la fois simple et complexe comme un roman noir. Efficace, accroché et accrocheur. En un mot : fort.
On en parle : La Tête en noir n°156
Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2012
Citation
J'ai senti tout à coup comme une puanteur. L'odeur de la merde des traîtres. Vous autres, vous ne devez pas vous en rendre compte parce que vous avez l'habitude, mais pour moi c'est insupportable.