Blue Jay Way

- Peut-être que c'est un type qui sait se tenir, dit Sam. C'est ce que je pense des gens qui ne dénoncent pas leurs amis.- Et moi, vous savez comment j'appelle un type qui se ficelle lui-même le cul sur la chaise électrique ?- Dites-le-moi, je vous prie.- Un imbécile.
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Roman -

Blue Jay Way

Psychologique - Tueur en série MAJ mardi 27 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,3 €

Fabrice Colin
Paris : Sonatine, février 2012
480 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-107-1

Actualités

  • 01/03 Édition: Parutions de la semaine - 29 février
    Les romanciers ont la vie dure, mais s'arrangent de ça en écrivant ici et là. C'est ainsi que Marin Ledun s'offre un petit texte à l'Atelier In8, qui propose toujours à des auteurs de renom une parole qui sonne souvent juste. Marin Ledun vient donc élargir un catalogue déjà fourni, mais qui s'en plaindra ? De la même façon, Michël Mention, qui avait commis un roman anglais classique à l'écriture juste, revient aux sources de la petite édition, au Fantascope. Il en est quasiment de même avec la collection "Vendredi 13" des éditions La Branche. Patrick Chamoiseau y fait une incursion à découvrir. Pendant ce temps, les éditions J'ai lu font un coup avec le grand format de Jeff Abbott, Adrénaline, pendant que sa consœur patronymique, Megan, continue à tracer sa route vers une écriture plus sentimentale que noire au Masque.
    Martin Winckler s'était fendu cet été d'un long article dithyrambique sur Les Chambres closes du docteur Hawthorne, d'Edward Dentinger Hoch dans le quotidien Le Monde. Ce recueil de nouvelles est retiré par Rivages dans sa collection "Noir" pour notre plus grand plaisir.
    En bande dessinée, vous pourrez manger du Lucky Luke. Classique mais incontournable. Harry Dickson, le détective de l'étrange, continue son petit bonhomme de chemin avec Richard D. Nolane, plus de cent ans après sa création.
    La jeunesse s'offre des super-héros, grands et petits. Mais Albin Michel propose deux romans intéressants, Mamie Gangster et La Fille du parrain. Nous vous en parlerons prochainement.
    Quant aux autres publications remarquées, elles vous emmèneront dans les plus sombres des prisons...

    Fictions adulte grand format :
    Adrénaline, de Jeff Abbott (J'ai lu, "Grand format")
    Envoûtée, de Megan Abbott (Le Masque, "Grands format")
    La Théorie des ombres, de Aden V. Alastair (Ex æquo, "Rouge")
    Éliza, de David Max Benouel (Ex æquo, "Rouge")
    Tortuga's bank, d'André Blanc (Jigal, "Polar")
    Le Jardin suspendu, de Javier Calvo (Galaade, "Galaade noire")
    À la fin d'un jour ennuyeux, de Massimo Carlotto (Métailié, "Bibliothèque italienne")
    Memoria, de François-Xavier Cerniac (City)
    Hypérion victimaire : Martiniquais épouvantable, de Patrick Chamoiseau (La Branche, "Vendredi 13")
    Kind of blue, de Miles Corwin (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Le Quartier sombre du désespoir, de Frédéric Delaitre (L'Harmattan)
    Le Plan, de Johan Étienne (Ex æquo, "Rouge")
    Le Cœur noir, d'Axelle Ferdsen (Ex æquo, "Rouge")
    MMXII : peur tu as mille ans, de François Gay (Aréopage)
    La Conspiration Wao Yen, d'Éric Laurent (Flammarion)
    No more Natalie, de Marin Ledun (In 8, "Polaroïd")
    Unter Blechkoller, de Michaël Mention (Le Fantascope)
    Qui a tiré sur la haute couture ?, de Gisèle Meuniet-Picquet (Du bout de la nuit, "Rue noire")
    Le Cercle du chaos, de Fabio M. Mitchelli (Ex æquo, "Rouge")
    Transfert, de Fabio M. Mitchelli (Ex æquo, "Rouge")
    Associations de malfaiteurs, de Muriel Mourgue (Ex æquo, "Rouge")
    Green gardenia, de Muriel Mourgue (Ex æquo, "Rouge")
    La Conspiration des magiciens, de Gérard Pince (Godefroy de Bouillon)
    Le Complot des nantis, de Michel Pisano (IS)
    La Malédiction du soleil, de Mary Play-Parlange (Ex æquo, "Rouge")
    Les Opales du crime, de Mary Play-Parlange (Ex æquo, "Rouge")
    Meurtre à l'église : Giriviller, de Françis-Émery Roch (Serpenoise, "Policier")
    Le Meurtre de la comtesse de Ploësquellec, de Claude-Youenn Roussel (Les Montagnes noires)
    Ciel orange, de Andreï Rubanov (Ombres noires)
    Les Naufragés de l'oubli, de Didier Saint-Martin (Coop Breizh)
    Leonis tenebrae, de Jean-François Thiéry (Ex æquo, "Rouge")
    J'ai fait comme elle a dit, de Pascal Thiriet (Jigal, "Polar")
    L'Île des ombres, de Lisa Unger (Le Toucan, "Toucan noir")
    Beso de la muerte, de Gilles Vincent (Jigal, "Polar")
    Celui que tu cherches, de Amanda Kyle Williams (Albin Michel, "Spécial suspense")

    Fictions adulte poche :
    L'Instinct maternel, de Barbara Abel (Le Masque, "Masque poche : contemporain")
    Le Sang de l'hermine, de Michèle Barrière (LGF, "Policier")
    Les Lunes de Barcelone, de Javier Calvo (LGF, "Policier")
    Tempête sur Cape Cod, de Carol Higgins Clark (LGF, "Thriller")
    Un témoin qui a du chien, de Jeffrey Cohen (Le Masque, "Masque poche : jaune")
    Blue Jay Way, de Fabrice Colin (LGF, "Thriller")
    Contre X, de Patrice Dard (Fayard, "Littérature française")
    Samba niçoise, de Jean Émelina (Baie des anges, "Noir méditerranée")
    Le Briseur d'âmes, de Sebastian Fitzek (LGF, "Thriller")
    Heather Mallender a disparu, de Robert Goddart (LGF)
    Intrigue à Venise, d'Adrien Goetz (LGF)
    Les Chambres closes du docteur Hawthorne, d'Edward Dentinger Hoch (Rivages, "Noir")
    Ce qu'il faut expier, de Olle Lönnaeus (LGF, "Thriller")
    La Vengeance du loup, de Jacques Mazeau (De Borée, "Terre de poche")
    Taken, de Norah McClintock (J'ai lu, "Thriller")
    Le Chasseur de lucioles, de Janis Otsiémi (Jigal, "Polar")
    Luke la main froide, de Donn Peace (Rivages, "Noir")
    Le Baiser de Glasgow, de Craig Russell (LGF, "Policier")
    Les Voix du crépuscule, de Lisa Unger (LGF, "Thriller")
    Viens Poupoulpe, de Christian Zeimert (Baleine, "Le Poulpe")

    Bandes dessinées :
    Les Enfants terribles, de Brian Azzarello & Eduardo Risso (Urban comics, "Vertigo classiques")
    Le grand finale, de Brian Azzarello & Eduardo Risso (Urban comics, "Vertigo classiques")
    Spider-Man. 5, Le Pouvoir... sans les responsabilités, de Howard Mackie (Panini comics, "Marvel Best comics")
    Batman : the dark night returns, de Frank Miller (Urban comics, "DC essentiels")
    Lucky Luke : l'intégrale. 17, de Morris (Lucky comics)
    Lucky Luke : l'intégrale. 18, de Morris (Lucky comics)
    Lucky Luke : l'intégrale. 21, de Morris (Lucky comics)
    Harry Dickson : le Sherlock holmes américain. 3, Les Amis de l'enfer, de Richard D. Nolane & Olivier Roman (Soleil)
    Steam west, de Frédéric Pham Chuong (Kotoji)
    L'Invitation au mal, de Ptoma & Nicolas Duchêne (Casterman)

    Littérature de jeunesse (documentaires) :
    Mission spéciale pour agent secret : le journal retrouvé, de Melissa Fairley (Gallimard jeunesse, "Hors série documentaire")

    Littérature de jeunesse (éveil) :
    Cherche et trouve : la bande des minijusticiers, d'après Hélène Bruller et Zep (Albin Michel)
    Superhéros, de Céline Claire & Gwenaëlle Doumont (Vert pomme)

    Fictions jeunesse :
    Soupçons, de Kate Brian (Bayard jeunesse, "Campus")
    Défi ! de Bonnie Bryant (Bayard jeunesse, "Poche")
    Mamie gangster, de David Walliams (Albin Michel jeunesse, "Witty")
    La Fille du parrain, de Gabrielle Zevin (Albin michel, "Wiz")

    Cinéma :
    Clint Eastwood : un rebelle américain, de Marc Eliot (Balland)

    Criminologie & prison :
    Contre la peine de mort, présenté par Anne Carol (Garnier : les archives du Monde)
    Chroniques du Paris apache (1902-1905), présenté par Quentin Deluermoz (Mercure de France, "Le Temps retrouvé")
    Lutte anti-corruption : gestion des risques et compliance, avec la participation de Christophe Roquilly (Lamy, "Lamy conformité")
    Jo Dalton : cœur de gang, de Jérémie Maradas Nado & Cristina Lhomme (La Manufacture de livres)
    Criminologie, de Patrick Morvan (LexisNexis, "Manuel")
    Vol au-dessus d'un nid de ripoux, de Frédéric Ploquin (Fayard, "Documents")
    La Prison : une nécessité pour la République, de Pierre-Victor Tournier (Buchet Chastel, "Essais et documents")
    Amexica : la guerre contre le crime organisé sur la frontière États-Unis-Mexique, de Ed Vulliamy (Albin Michel, "Documents")
    De l'extermination, de Éric Werner (Xenia, "Franchises")
    Liens : Le Cercle du chaos |Le Sang de l'hermine |Le Briseur d'âmes |Le Baiser de Glasgow |Kind of blue |Megan Abbott |Massimo Carlotto |Johann Étienne |Marin Ledun |Muriel Mourgue |Jean-François Thiery |Lisa Unger |Gilles Vincent |Barbara Abel |Michèle Barrière |Patrice Dard |Sebastian Fitzek |Olle Lönnaeus |Janis Otsiémi |Anne Carol |Michel Pisano

  • 23/05 Librairie: Fabrice Colin, libraire d'un soir
  • 13/04 Prix littéraire: Sélection 2012 du Prix Landerneau Polar

Là où tout se perd

Au départ, "Blue Jay way" est une chanson méconnue des Beatles. Empreinte de psychédélisme, ses sonorités troublent l'auditeur et créent une impression de malaise. Raison sans doute pour laquelle ce nom est donné à une villa des collines d'Hollywood et sert de titre-écrin au roman de Fabrice Colin. Cette villa est en effet au cœur du roman : Julien, jeune écrivain français, est chargé de s'occuper du fils de son amie, une célèbre écrivaine. Un fiston qui vit dans cette villa avec son père. À peine arrivé, Julien est dragué par la nouvelle épouse du père. Celle-ci est retrouvée morte alors que Julien surprend de bien mystérieux complots autour du fils chéri.
Comment distiller le malaise ? Tout le talent narratif, référentiel et stylistique, de Fabrice Colin répond avec force dans ce thriller qui a choisi d'être un "thriller ayant fait un pas de côté". D'un point de vue narratif, l'auteur éclate son intrigue entre le présent et un passé explicatif. Mais ce passé, s'il ouvre des portes sur les positions et les actions des protagonistes, n'est jamais l'occasion de nous faire le coup des pensées du tueur en italiques, de nous confronter à l'horrible de ses actions (à la fin du livre, il sera détaillé sans aucun effet gore, une scène de torture, comme une action normale). L'auteur enchâsse son roman par une sorte de livre dans le livre, mais, là aussi, au service de son histoire, cette imbrication renforce l'atmosphère onirique de l'ouvrage.
Blue Jay Way oscille constamment entre une description hyper réaliste (à supposer que cette réalité existe : d'ailleurs l'un des personnages est un "héros" de la télé-réalité, forme d'oxymore absolu des temps modernes), et des éléments d'un fantastique dilué car certains personnages semblent disparaître de la scène sans raison (leurs noms renvoyant d'ailleurs aux circonstances d'écriture de la chanson des Beatles), et des policiers mentent eux aussi sans raison sur leur vie privée. Tout devient fuyant à l'instar du tueur qui passe son temps non à tuer, mais à manipuler pour que les autres tuent, à s'affubler de postiches et de fausses identités. Tout ressemble à un long cauchemar éveillé, concourt à faire du lecteur un homme déambulant dans des tableaux de Hopper sans en percevoir tous les motifs.
Le personnage central du texte, Julien (comme Sorel ?), développe lui aussi le héros de "thriller de côté" : habituellement, c'est un être naïf qui face à la complexité du monde va en déchiffrer les tenants et les aboutissants. Ici, c'est un être kafkaïen, dépassé par les événements, surfant sur la vague, hédoniste et velléitaire, passif, finalement très représentatif de notre époque. Il est falot à un point tel que, même s'il avait été l'amant de la femme morte, personne ne songe à lui comme coupable ! Et lui-même ne se sent jamais investi de la mission de découvrir le vrai assassin comme le ferait n'importe quel "chevalier servant" d'un thriller.
Blue Jay way est un chemin tortueux. Fabrice Colin nous prend par la main et nous entraine à sa suite, comme le nain dans Twin Peaks (avec la même idée du Mal comme force naturelle et primordiale), dans un rêve. À la fin , il nous offre une série d'explications qui toutes explicitent l'intrigue et toutes renforcent le sentiment d'irréalité, car il est impossible de sortir d'un vrai cauchemar, d'une vraie fiction, d'une vérité, tout étant lié pour nous perdre, humains, personnages ou lecteurs.


On en parle : Alibis n°44 |L'Indic n°11

Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2012
Prix Landerneau Polar 2012
Lion noir 2013

Citation

Ce que je savais c'est que leur assassin avait reçu une balle en pleine tête sous mes yeux, que j'avais vu son corps basculer dans le seaux noires du Lac Tahoe et que je venais trois mois plus tard, de recevoir un SMS portant sa signature.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 22 avril 2015
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