Recluses

Ça m'a toujours amusé de regarder les chaussures des passants claquer sur le sol comme s'ils avaient un compte à régler avec la ville et la saleté. C'est une affaire personnelle, ils marchent comme on cogne sur un type qui nous emmerde depuis toujours.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Recluses

Terrorisme MAJ vendredi 06 avril 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Séverine Chevalier
La Croisille-sur-Briance : Écorce, novembre 2011
184 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-9535417-2-4
Coll. "Noir"

Ambiance glauque et poisseuse

Écorce sont une "petite" maison d'édition qui publie peu : trois romans en version papier et une poignée de nouvelles sur le net (bien intéressantes par ailleurs). Des couvertures sombres qui reflètent l'atmosphère des "lieux" - étouffants, éclairés de biais, bref du vrai noir de noir. Une identité qui permet aux auteurs de proposer des manuscrits noirs et esthétiques sans forcément de gros flingues et d'affreux politiciens, mais avec de l'intellect, de l'angoisse et des psychoses. Severine Chevalier connait la maison. Aussi c'est en connaissance de cause qu'elle propose Recluses, un texte qui met en avant Suzanne, une mère de famille, dont la fille vient d'être victime d'une explosion dans un supermarché. Elle va alors chercher sa sœur, une handicapée, avant de se lancer sur les traces de Zora Korps, une méchante terroriste. Suzanne a eu une liaison avec le père de Zora et a du coup peut-être une piste intéressante à suivre. Mais entre des rencontres déroutantes sur la route, des amours de passage et la lente plongée avec sa sœur (qui dans ses moments de lucidité, aimerait qu'on la suicide), Recluses prend des chemins de traverse.

Dans la lignée des textes les plus frappants de Boileau-Narcejac (pour la construction), sans en donner l'impression, Séverine Chevalier détourne l'attention, nous entraine là où elle le veut, mélange réalité de l'intrigue et réalité déformée des protagonistes - mais décrite comme aussi réelle que la "vraie réalité". Elle sait créer un univers sombre, que ne percent que quelques lueurs, créer une ambiance glauque et poisseuse, sans forcer le trait misérabiliste. C'est ainsi que le livre s'ouvre sur les couleurs vives de l'intérieur d'un supermarché au moment où Suzanne laisse le caddie et son bébé pour tourner au coin d'un rayonnage, juste avant l'explosion, ce qui la sauve, mais elle seule. À l'instant de la déflagration, Séverine Chevalier se tait et passe à autre chose, car elle n'est pas là pour nous écrire un énième thriller sur le mode du terrorisme. Ce qui l'intéresse, c'est comment va se reconstruire son personnage, et c'est ce que nous suivons avec attention jusqu'à une "résolution" autrement explosive.

Citation

C'est varié. Des tomates bien rouges, des dentelles bien blanches (aussi blanches que les dents sur les tubes de dentifrice), des couvertures de romans bien noires, sanglées de bandeaux plus rouges que des tomates. C'est attrayant.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 04 avril 2012
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