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Grand format
Inédit
Tout public
240 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-09226-6
Coll. "Romans Terres de France"
La seconde enquête des Experts lyonnais
Le professeur Hugo Salacan est à Cambridge pour un colloque mondial de criminologues. Ses interventions sont attendues et très suivies. Il remarque, parmi les participants, le romancier Arthur Conan Doyle, pour qui il a une vive admiration.
Victor Kolvair a rendu visite à sa sœur, après le décès de leur mère. C'est, pour lui, un retour aux sources dans la maison de son enfance. Il songe à Bianca. Celle-ci occupe toutes ses pensées depuis qu'il a rencontré cette femme exceptionnelle lors d'une précédente enquête.
Un appel de la PJ de Lyon vient troubler cette sérénité. Jacques Durieux, le jeune assistant de Salacan, l'avertit du meurtre d'un notable lyonnais et de la volonté du juge Puzin que Kolvair suive cette affaire, plutôt que l'inspecteur Legone des Brigades du Tigre.
Firmin Dutard, qui règne sur l'industrie automobile de la région, a été retrouvé poignardé dans l'arrière-cour du Grand Hôtel, un établissement luxueux. Le légiste constate que les coups mortels ont été portés de bas en haut, par un individu ne mesurant pas plus d'un mètre vingt-huit.
Un maître d'hôtel se souvient que ce jour-là un enfant rôdait en observant l'établissement...
Odile Bouhier a imaginé, dans Le Sang des bistanclaques, (Presses de la Cité, 2011) un groupe de personnages qui composent la première police scientifique rêvée et mise en place par Edmond Locard, dans les années 1910-1920. Dans De mal à personne, l'auteur convie le lecteur à retrouver ce groupe, à Lyon, berceau de cette brigade d'Experts.
Elle conçoit une intrigue adroitement agencée, prenant en compte la réalité de l'époque, l'organisation et la structuration de la société. Elle se fonde, par exemple, sur les ravages, aujourd'hui oubliés, de la syphilis dans toutes les couches sociales. Elle met en scène, avec une grande justesse, les relations de maitre à valet, les liens terribles de subordination, dans les familles bourgeoises, entre les servantes et les patrons, les premières dépendant totalement des seconds. Le statut d'esclave domestique, avec toutes les abus qui en ont découlé, étaient monnaie courante. On ne peut que regretter, hélas, que ces situations n'aient pas totalement disparu. Les exemples ne manquent pas, encore aujourd'hui, surtout dans les "beaux quartiers". On retrouve aussi cette volonté d'une respectabilité de façade, une façade que l'on veut irréprochable pour masquer des turpitudes dont la sanction relève, ni plus ni moins, de l'Île du Diable ou de la machine d'Anatole Deibler.
Elle évoque, avec beaucoup d'émotion, la réalité de la délinquance juvénile, de son traitement juridique, social et... inhumain.
Mêlant adroitement personnages authentiques et personnages de fiction, elle donne un récit alerte, vivant, d'une grande intensité par la diversité des intervenants et par la variété de leurs centres d'intérêts. Elle ménage un suspense, génère une tension qui ne se dément pas. De plus, elle sait donner à sa théorie de personnages une gamme variée de sentiments, de caractères, qui lui permet de fonder un microcosme représentatif d'une société.
Parallèlement Odile Bouhier fait découvrir l'histoire de la ville de Lyon, évoque la Grande Guerre, ses séquelles, les conséquences sur ceux qui l'ont vécue et souffrent des suites dans leur chair. Bien que l'auteur soit très attentive à fournir tous les éléments permettant de se fondre dans l'histoire, de saisir les relations qui unissent les différents personnages, liens tissés lors de l'épisode précédent, il est conseillé, pour saisir toutes les nuances des sentiments, toutes les subtilités, de lire préalablement Le Sang des bistanclaques.
Si Le Sang des bistanclaques avait été une des excellentes surprises littéraires de 2011, De mal à personne confirme la maîtrise d'Odile Bouhier à concevoir des romans d'une grande qualité, tant par ses intrigues, leur déroulement, que par choix judicieux de ses personnages et de leurs relations.
Citation
Si se taire était pour un nombre considérable de femmes une corvée, en réalité la plupart ne disaient jamais rien d'important. Beaucoup de gens pensaient que c'était par ignorance, Kolvair savait bien que, concernant certaines, il s'agissait au contraire d'une redoutable feinte.