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Une guerre de génies, de héros et de lâches
Grand format
Inédit
Tout public
288 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2337-1
Coll. "Thriller"
Actualités
- 16/05 Salon: Comédie du livre de Montpellier
- 10/07 Prix littéraire: Sélections GPLP 2012
Les Grands prix de la littérature policière en sont à leur 64e édition. Si la délibération finale n'est prévue que pour le mardi 25 septembre, le jury n'en a pas moins arrêté ses listes. Alors... Qui pour succéder à D.O.A. et à Dominique Manotti, tous deux primés dans la catégorie "Romans français" pour L'Honorable société (Gallimard, "Série noire"), et à Yishaï Sarid dans la catégorie "Romans étrangers" pour Le Poète de Gaza (Actes sud, "Actes noirs") ? Les lauréats sont à débusquer parmi les huit auteurs français et les seize étrangers de ces sélections de juin. Ce que l'on peut d'ores et déjà dire, c'est que s'agissant des auteurs français, il y a une disparité évidente des éditeurs puisque les huit ouvrages sélectionnés sont issus de huit maisons différentes. Les éditions Rivages tirent leur épingle de ces sélections puisque dans la catégorie "Romans étrangers", elles placent cinq de leurs romans. Une mention spéciale à Moisson rouge-Alvik. Peu de parutions cette année, mais une présence dans les deux sélections. Cela méritait d'être souligné. Il sera sans doute aucun possible fort difficile d'élire le lauréat de la catégorie "Romans étrangers". Storyteller a été fort remarqué mais non encore primé tout au long de cette année. L'ouvrage de Donald Ray Pollock a beaucoup fait parler de lui. Certains des éditions Rivages seront assurément bien placés. "Actes noirs" avec trois titres n'a pas dit son dernier mot. Les autres maisons non plus. Il ne nous reste plus qu'à attendre !
Sélection "Romans français" :
- Le Jour du fléau, de Karim Madani (Gallimard, "Série noire") ;
- Je tue les enfants français dans les jardins, de Marie Neuser (L'Écailler) ;
- Samedi 14, de Jean-Bernard Pouy (La Branche, "Vendredi 13") ;
- Des chiffres et des litres, de Rachid Santaki (Moisson rouge-Alvik) ;
- Un avion sans elle, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Romans Terres de France")
- Une guerre de génies, de héros et de lâches, de Barouk Salamé (Rivages, "Thriller") ;
- Les Hamacs de carton, de Colin Niel (Le Rouergue, "Rouergue noir") ;
- Arab jazz, de Karim Miské (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes").
Sélection "Romans étrangers" :
- La Tristesse du Samouraï, de Victor del Árbol (Actes sud, "Actes noirs") ;
- Gangrène, de Julia Latynina (Actes sud, "Actes noirs") ;
- Je reste roi d'Espagne, de Carlos Salem (Actes sud, "Actes noirs") ;
- Le Diable, tout le temps, de Donald Ray Pollock (Albin Michel, "Terres d'Amérique") ;
- Storyteller, de James Siegel (Le Cherche midi) ;
- Le Champ du potier, d'Andrea Camilleri (Fleuve noir, "Thriller") ;
- La Mauvaise femme, de Marc Pastor (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
- Triple crossing, de Sebastian Rotella (Liana Levi, "Policier") ;
- De loin on dirait des mouches, de Kike Ferrari (Moisson rouge-Alvik, "Semana negra") ;
- Question d'éthique, de Bill James (Rivages, "Noir") ;
- Un voyou argentin, d'Ernesto Mallo (Rivages, "Noir") ;
- Les Fantômes de Belfast, de Stuart Neville (Rivages, "Thriller") ;
- Vérité, de Peter Temple (Rivages, "Thriller") ;
- Le Prix de mon père, de Willy Uribe (Rivages, "Noir") ;
- Au lieu-dit Noir-Étang, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policiers") ;
- Gel nocturne, de Knut Faldbakken (Le Seuil, "Policiers").
Liens : L'Honorable société |Le Poète de Gaza |Le Jour du fléau |Je tue les enfants français dans les jardins |Un avion sans elle |Les Hamacs de carton |Arab jazz |La Tristesse du Samouraï |Gangrène |Je reste roi d'Espagne |Le Diable, tout le temps |Storyteller |Le Champ du potier |La Mauvaise femme |Un voyou argentin |Les Fantômes de Belfast |Vérité |Le Prix de mon père |Au lieu-dit Noir-Étang... |Gel nocturne |Triple Crossing | D.O.A. |Dominique Manotti |Karim Madani |Marie Neuser |Jean-Bernard Pouy |Michel Bussi |Colin Niel |Karim Miské |Carlos Salem |Donald Ray Pollock |Marc Pastor |Bill James |Ernesto Mallo |Stuart Neville |Peter Temple |Willy Uribe |Thomas H. Cook |Knut Faldbakken |Rachid Santaki
Oran en emporte le vent
Il y a un temps pour la souffrance, un temps pour le recueillement pieux, et un temps pour l'histoire. Il faut que les passions se décantent, que les années passent pour que les langues se délient. Souvent les anniversaire sont une bonne occasion pour revenir et se souvenir. C'est ainsi qu'avec le cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, en France, les événements dramatiques, les témoins au soir de leur de leur vie, témoignent plus facilement et révèlent la part d'ombre des appelés français (même si Jacques Syreigeol avait ouvert la vanne avec une trilogie vendéenne il y a quelques années à la "Série noire"). Mais côté algérien ? Leur indépendance et la prise en main du pouvoir par un parti unique a également "unifié" et magnifié les mémoires.
Barouk Salamé a ouvert le chemin de cette remise en cause de mythes un peu éloignés de nos préoccupations avec Le Testament syriaque et Arabian Thriller, ses deux précédents romans, qui revenaient sur les fondamentaux de l'Islam. Comme son personnage central est un pied noir, ayant fui en 1962 l'Algérie, il était intelligent de raconter son enfance, une enfance exemplaire au sein des derniers mois de lutte. À travers les yeux d'un enfant adolescent et cultivé, c'est l'envers du décor qui est proposé de manière vivante et forte. Ce dont on pouvait se douter est parfaitement résumé par le titre qui reprend un proverbe. Au début, la guerre est menée par des génies. La grand-mère du héros, est ici présentée, à travers un portrait sensible, juive, voulant l'indépendance, communiste, elle détient des secrets qui peuvent assombrir le mouvement de libération nationale.
La guerre est poursuivie par des héros que l'on voit s'agiter dans le roman comme ce jeune homme nommé garde du corps de l'enfant ou des résistants de la première heure qui doivent se cacher à la fois de l'armée française et des autres mouvements algériens. Des héros que l'on voit principalement en filigrane de l'histoire, comme les parents du personnage central, ou un général algérien qui essaye d'ouvrir une voie entre l'indépendance pure et le travail avec les Français. La guerre s'achève lorsque ce sont les lâches qui prennent le pouvoir. De fait, les documents que détient la grand-mère peuvent salir la réputation justement de ces héros de la dernière heure, que Barouk Salamé décrit comme des opportunistes, se débarrassant plus facilement des complices qui peuvent les gêner que de leurs ennemis, les plus machiavéliques sans doute.
Avec le recul historique (après tout Napoléon s'incruste grâce à la révolution ; Staline prend le pouvoir en tuant les premiers révolutionnaires et l'observateur attentif peut en voir les prémices dans les printemps arabes actuels), l'on pouvait se douter que les nouveaux maitres de l'Algérie en 1962 étaient de la même trempe. C'est ce que démontre, avec grâce, Barouk Salamé au fil d'une intrigue limpide, de rebondissements variés, à travers un personnage vivant et crédible pour nous donner une magnifique leçon d'histoire fictionnelle ou de fiction histoire hyper-réaliste.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°46
Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2012
Grand prix de la littérature policière - roman français 2012
Prix Mystère de la Critique 2013
Citation
L'indépendance fut une fête dans tous le pays, mais dans la ville d'Oran, le méchoui avait le goût de la chaire humaine.