Les Hamacs de carton

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Roman - Policier

Les Hamacs de carton

Faits divers MAJ jeudi 19 avril 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,8 €

Colin Niel
Rodez : Le Rouergue, mars 2012
284 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-8126-0353-2
Coll. "Noir"

Actualités

  • 10/07 Prix littéraire: Sélections GPLP 2012
    Les Grands prix de la littérature policière en sont à leur 64e édition. Si la délibération finale n'est prévue que pour le mardi 25 septembre, le jury n'en a pas moins arrêté ses listes. Alors... Qui pour succéder à D.O.A. et à Dominique Manotti, tous deux primés dans la catégorie "Romans français" pour L'Honorable société (Gallimard, "Série noire"), et à Yishaï Sarid dans la catégorie "Romans étrangers" pour Le Poète de Gaza (Actes sud, "Actes noirs") ? Les lauréats sont à débusquer parmi les huit auteurs français et les seize étrangers de ces sélections de juin. Ce que l'on peut d'ores et déjà dire, c'est que s'agissant des auteurs français, il y a une disparité évidente des éditeurs puisque les huit ouvrages sélectionnés sont issus de huit maisons différentes. Les éditions Rivages tirent leur épingle de ces sélections puisque dans la catégorie "Romans étrangers", elles placent cinq de leurs romans. Une mention spéciale à Moisson rouge-Alvik. Peu de parutions cette année, mais une présence dans les deux sélections. Cela méritait d'être souligné. Il sera sans doute aucun possible fort difficile d'élire le lauréat de la catégorie "Romans étrangers". Storyteller a été fort remarqué mais non encore primé tout au long de cette année. L'ouvrage de Donald Ray Pollock a beaucoup fait parler de lui. Certains des éditions Rivages seront assurément bien placés. "Actes noirs" avec trois titres n'a pas dit son dernier mot. Les autres maisons non plus. Il ne nous reste plus qu'à attendre !

    Sélection "Romans français" :
    - Le Jour du fléau, de Karim Madani (Gallimard, "Série noire") ;
    - Je tue les enfants français dans les jardins, de Marie Neuser (L'Écailler) ;
    - Samedi 14, de Jean-Bernard Pouy (La Branche, "Vendredi 13") ;
    - Des chiffres et des litres, de Rachid Santaki (Moisson rouge-Alvik) ;
    - Un avion sans elle, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Romans Terres de France")
    - Une guerre de génies, de héros et de lâches, de Barouk Salamé (Rivages, "Thriller") ;
    - Les Hamacs de carton, de Colin Niel (Le Rouergue, "Rouergue noir") ;
    - Arab jazz, de Karim Miské (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes").

    Sélection "Romans étrangers" :
    - La Tristesse du Samouraï, de Victor del Árbol (Actes sud, "Actes noirs") ;
    - Gangrène, de Julia Latynina (Actes sud, "Actes noirs") ;
    - Je reste roi d'Espagne, de Carlos Salem (Actes sud, "Actes noirs") ;
    - Le Diable, tout le temps, de Donald Ray Pollock (Albin Michel, "Terres d'Amérique") ;
    - Storyteller, de James Siegel (Le Cherche midi) ;
    - Le Champ du potier, d'Andrea Camilleri (Fleuve noir, "Thriller") ;
    - La Mauvaise femme, de Marc Pastor (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
    - Triple crossing, de Sebastian Rotella (Liana Levi, "Policier") ;
    - De loin on dirait des mouches, de Kike Ferrari (Moisson rouge-Alvik, "Semana negra") ;
    - Question d'éthique, de Bill James (Rivages, "Noir") ;
    - Un voyou argentin, d'Ernesto Mallo (Rivages, "Noir") ;
    - Les Fantômes de Belfast, de Stuart Neville (Rivages, "Thriller") ;
    - Vérité, de Peter Temple (Rivages, "Thriller") ;
    - Le Prix de mon père, de Willy Uribe (Rivages, "Noir") ;
    - Au lieu-dit Noir-Étang, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policiers") ;
    - Gel nocturne, de Knut Faldbakken (Le Seuil, "Policiers").
    Liens : L'Honorable société |Le Poète de Gaza |Le Jour du fléau |Je tue les enfants français dans les jardins |Un avion sans elle |Une guerre de génies, de héros et de lâches |Arab jazz |La Tristesse du Samouraï |Gangrène |Je reste roi d'Espagne |Le Diable, tout le temps |Storyteller |Le Champ du potier |La Mauvaise femme |Un voyou argentin |Les Fantômes de Belfast |Vérité |Le Prix de mon père |Au lieu-dit Noir-Étang... |Gel nocturne |Triple Crossing | D.O.A. |Dominique Manotti |Karim Madani |Marie Neuser |Jean-Bernard Pouy |Michel Bussi |Colin Niel |Karim Miské |Carlos Salem |Donald Ray Pollock |Marc Pastor |Bill James |Ernesto Mallo |Stuart Neville |Peter Temple |Willy Uribe |Thomas H. Cook |Knut Faldbakken |Rachid Santaki

Zone exotique

Ici, en Métropole, nous avons toujours l'habitude de penser la France en termes unifiés. Évidemment, il y a quelques sans-papiers, des gens qui vivent de peu mais dans l'ensemble nous nous voyons comme l'incarnation de l'Occident moderniste. Et pourtant, ce que certains avaient qualifié de miettes de l'empire sont également des territoires français. À ce titre, la Guyane a le droit d'avoir des lois, des médecins légistes, des gendarmes, etc. Tout le roman de Colin Niel, Les Hamacs de carton, consiste à nous présenter cet univers à la fois français et exotique, dans ses aspirations et ses contradictions. Bien entendu, lorsqu'un crime est perpétré, la police enquête mais ses méthodes, les raccourcis qu'elle prend, et la façon dont elle résout les problèmes rencontrés joue aussi avec les particularismes locaux. Par exemple, si quelqu'un des villages reculés se suicide, il risque de perdre la considération des autres indigènes, aussi le gendarme doit faire preuve de beaucoup de lucidité pour arriver à opérer une distinction entre la réalité têtue des faits et leur conséquence pour la vie de la famille de la victime. Plus anecdotique, mais rendant le roman vivant, lorsqu'il montre le travail d'un garagiste à Cayenne, Colin Niel présente un homme plus occupé à réparer des moteurs de bateaux pour les orpailleurs que concentré sur des véhicules automobiles. De fait, c'est tout le travail policier qui est différent, car envie, désirs et mobiles sont différents de la réalité métropolitaine et Anato, le gendarme chargé d'enquêter, s'en rend compte assez vite...

En installant son intrigue autour de trois crimes : la mort suspecte dune famille dans une case au fond de l'Amazonie, la chute étrange d'une fonctionnaire française coureuse de fond, et l'assassinat d'une jeune fille sans histoire, Colin Niel balaie ainsi (avec une série de flashbacks sur la genèse d'une des affaires) la société guyanaise des petites gens des villes et des campagnes, les rapports entre métropolitains et indigènes (symbolisés par l'itinéraire personnel d'Anato, qui a toujours vécu à Paris mais a choisi de travailler sur le sol de ses "ancêtres"), l'exotisme des situations. Il montre l'absurdité de l'application automatique de lois conçues pour l'Europe et appliqués sans intelligence, à l'instar des hamacs de carton du titre qui sont en fait les dossiers de naturalisation de gens nés sur le sol français mais dont l'état-civil n'est pas très clair. Au final, à travers une intrigue de forme classique qui sait montrer de manière vivante les particularismes locaux, à travers des descriptions qui rendent crédibles et visibles la vie lointaine de nos anciennes colonies, Les Hamacs de carton ouvre une série à venir de bien belle façon.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°46

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman français 2012
Prix Landerneau Polar 2012
Prix littéraire du Goéland masqué

Citation

Sous un ciel brulant où courait une meute de nuages boursouflés, la pirogue de la gendarmerie remontait le Maroni pour gagner Wetisoula, un village aluku. Trois décès suspects, aux dires de la compagnie de Saint-Laurent-du Maroni.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 19 décembre 2013
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