Contenu
Une histoire criminelle de la France
Grand format
Inédit
Public connaisseur
300 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7381-2809-6
Coll. "Histoire"
Tu ne tueras point
C'est à un vaste chantier que se sont attelés les deux criminologues Alain Bauer et Christophe Soullez : retracer en un volume toute l'histoire criminelle française à travers son évolution politique et ses plus grandes affaires criminelles. On commence avec le Moyen Âge et le terrible droit de ban qui donnait tout pouvoir aux seigneurs. On enchaîne avec les grandes compagnies constituées d'anciens soldats terrorisant les campagnes. Mais face à la montée de la criminalité qui s'installe en ville dans des zones de non droit, l'État se construit à travers son monarque. Louis XIII va asseoir son autorité par le bras de Richelieu. Le protestantisme est devenu un État dans l'État. La Rochelle soutenue par les Anglais en est la place forte. Richelieu en fait le siège pendant un an et fait mourir la plupart des habitants. Louis XIV poursuivra le mouvement avec sa lieutenance générale de police et ses fameuses lettres de cachets. C'est l'époque de L'Affaire des Poisons et de Cartouche. Mais la Révolution fait tomber des milliers de têtes y compris pendant les massacres de Vendée. Des bandes sans foi ni loi, comme celles des Chauffeurs, se répandent dans les régions. Face à une police qui devient de plus en plus organisée avec notamment ses services de renseignements, les luttes politiques suscitent de nombreux attentats qui vont s'intensifier avec la Restauration puis la Monarchie de Juillet. C'est l'époque des grandes affaires criminelles (Fualdès, l'Auberge Rouge, Lacenaire) qui vont fournir la matière première à la presse populaire en expansion pendant le Second Empire. Après l'empoisonneuse bretonne Hélène Jégabo, et le prêtre Jean-Louis Verger qui poignarde l'archevêque de Paris, c'est Louis-Joseph Philippe qui tue en série des prostituées mais surtout Troppmann qui massacre méthodiquement les huit membres d'une même famille en les attirant dans des pièges pour les escroquer. Il va faire le bonheur du "Petit Journal". Les auteurs insèrent des encadrés dans leur texte qui résument les affaires. Comme tout est parfaitement titré, cela procure une respiration bienvenue dans une lecture compacte. Après la Belle Époque et ses "beaux voyous" qui reviennent en bandes à la faveur de l'anarchisme, voici les crimes des guerres et de collaboration. L'époque moderne commence après la Seconde Guerre mondiale avec l'émergence des braqueurs et la constitution d'un Milieu traditionnel. Mais "la banlieue émerge"...
L'histoire criminelle ayant été balayée sur huit siècles (de 1100 à 1980) en 166 pages, les auteurs vont s'attaquer maintenant à la partie contemporaine (1980-2000), soit vingt ans en 108 pages. Ils détaillent toutes les facettes de la nouvelle criminalité (terrorisme, violences urbaines, braquages, caïds, drogue, affaires politico-financières, violences en milieu scolaire, cybercriminalité, trafic d'êtres humains, contrefaçon, fraude économique) et les moyens que la police met en place pour les combattre. On s'attache notamment à l'enquête de victimation qui vise à compléter les statistiques sur les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie. "Depuis 2007, la France compte deux dispositifs de mesure de la délinquance et de la criminalité, qui se complètent et permettent de disposer d'une meilleure connaissance de la réalité criminelle." Les auteurs nous précisent que "cette enquête, réalisée chaque année, repose sur l'interrogation de plus de 17000 ménages et personnes de 14 ans et plus". Elle fait émerger une nouvelle approche de la délinquance, particulièrement au sein des familles.
Avec ses quelques graphismes, ses notes détaillées rangées par chapitre en fin d'ouvrage, sa riche bibliographie, sa table des matières précise, elle aussi très détaillée qui évite un index et surtout permet, d'emblée, d'avoir un regard global sur l'évolution historique du crime en France, le livre de Bauer & Soullez s'impose comme un ouvrage d'accès facile et complet pour lecteurs motivés et surtout étudiants (en droit par exemple).
Citation
Ce sont les Bouches-du-Rhône qui restent le département concentrant le plus de règlements de comptes (40 % des règlements de comptes ont été constatés dans ce département en 2010) confirmant, avec le Var, la "tradition" de la vigueur du milieu criminel et de la guerre que se livrent les trafiquants de stupéfiants issus notamment des quartiers sensibles de Marseille...