Le Pouce de l'assassin

Depuis qu'elle avait commencé sa série d'articles sur le sujet, elle recevait chaque jour des dizaines de mails ou de lettres de gens qui paraissaient très sérieux et qui avaient des révélations à faire sur des complots plus terrifiants les uns que les autres.
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Roman - Policier

Le Pouce de l'assassin

Tueur à gages MAJ lundi 23 avril 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,5 €

Lawrence Block
Hit List - 2000
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Vincent Delezoide
Paris : Calmann-Lévy, mars 2012
374 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7021-4300-1
Coll. "Robert Pépin présente"

Entreprise en danger

Keller est un homme mûr qui espère vivre décemment de son travail. Il le pratique, sans émotion, de manière extrêmement professionnel et ne mérite que des louanges. S'il était fonctionnaire en France, il aurait les palmes académiques. Il est un tellement bon citoyen, ne trainant jamais dans des affaires louches, qu'il a été sélectionné pour faire partie d'un jury. Et pourtant sa vie va basculer lorsque l'un de ses concurrents décide d'obtenir le monopole de son artisanat et, pour ce faire, liquide un par un ses adversaires. C'est ainsi que Keller échappe à plusieurs tentatives d'assassinat. Dans cette situation, n'importe qui se précipiterait devant la police pour obtenir justice et réparation, mais Keller n'est pas de cette trempe. Non pas qu'il soit prompt à faire justice lui-même, mais parce que son activité nécessite la discrétion : il est tueur à gage...

Tout dans Le Pouce de l'assassin va présenter, avec ironie et conviction, la vie quotidienne d'un petit travailleur indépendant dans ses affres journaliers : comment faire son métier le plus correctement possible en assassinant son prochain ? Le lecteur suit Keller dans ses activités habituelles : sa collection de timbres, ses amours avec les quiproquos normaux, sa volonté d'économiser pour sa retraite, ses relations avec son associée, ses rendez-vous chez une voyante, dans un luxe de détails décrits de manière fine et intelligente. L'humour provient de cette dichotomie entre la description sereine de l'activité (comment suivre quelqu'un, comment le tuer dans son garage sans que les enfants qui jouent dans la cour ne voient le meurtre...) et les activités elles-mêmes. De même, alors que Keller occupe une fonction somme toute peu morale, il la considère comme normale et a vraiment l'air effaré de l'attitude de son concurrent avant de se rendre compte que finalement ce dernier l'aide aussi à assainir l'offre !

Voici un roman de Lawrence Block qui rend compte de la vie ordinaire, qui prend son temps à musarder dans la vie quotidienne de son personnage, de développer la vie (un peu tristounette) d'un homme moderne solitaire (qui, avec cynisme, est un peu gêné lorsqu'il lui faut liquider une femme qu'il apprécie mais qui pourrait peut-être témoigner contre lui), qui évoque par la bande les mérites de l'artisanat et les ravages du capitalisme, qui refuse le voyeurisme en créant souvent des ellipses autour des meurtres, s'amusant même avec le hasard de la vie (Keller se prépare à tuer une victime lorsqu'elle est écrasée par une voiture), au sein d'une Amérique qui ressemble aux films que nous en voyons. Le tout avec une ironie sanglante. En témoigne le passage où Keller doit participer à un jury pour condamner un cambrioleur, et où il fait tout pour retarder le verdict. Non pas pour donner une chance au condamné mais pour se retrouver coincé dans un hôtel une nuit et coucher avec une autre membre du jury. Ce moment est très symbolique de l'humour cynique et nonchalant que développe avec bonheur cette série consacrée aux aventures ordinaires d'un tueur à gages.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°47

Citation

Il peut être appréciable de savoir qu'un type a un chien - le choix d'entrer ou non par effraction chez lui peut en dépendre - mais on n'a pas besoin de connaitre la race, et encore moins le nom.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 22 avril 2012
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